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Flore Fauchille :
"Si tu veux, tu peux… mais il faut défoncer des portes "

Flore Fauchille, actrice et comédienne, présente sa nouvelle pièce « Charge mentale : sauve qui peut ! ». A cette occasion, elle revient pour Møneo sur son parcours et son engagement.

Moi c’est Flore. A la base, j’ai fait mon chemin bien tracé comme il faut : j’étais à l’EDHEC. Ensuite, j’ai bossé dans le développement de start-up au Québec. Puis, je me suis rendue compte que ce que j’ai toujours voulu faire c’était jouer, créer, écrire. J’ai donc démissionné au bout d’un an.

Je me suis lancée à fond. Au Québec, il y a une grande importance du mérite : Si tu veux, tu peux… mais il faut défoncer des portes.

Quand je suis revenue en France après la COVID, j’ai d’abord vécu à Lyon. Ensuite, j’ai rejoint ma famille dans le Nord. Il y avait moins d’offres niveau théâtre. J’ai donc créé ma propre pièce. En fait, j’ai créé mon travail ! En revanche niveau cinéma, il y a plein de tournages dans la région comme HPI ou Sambre dans lesquels j'ai pu jouer. 

 

« Charge mentale : sauve qui peut ! » de quoi ça parle ?

Je fais venir Ella : la descendante d’Eve dans une émission pour promouvoir son livre. Au fil de l’émission, on plonge dans la vie d’Ella par des sketchs. Niveaux thématiques : on en a un sur la pression d’être belle… en parallèle de tous les commentaires et toutes les agressions qu’on peut subir. J’ai d’autre part un tableau qui s’appelle « bébémix » qui remet en question l’idéalisation de la maternité.

J’utilise l’humour-absurde. Je pars d’une réalité et j’augmente les curseurs. Le spectateur plonge dans un univers qui n’existe pas mais avec des sujets de fond. Ça permet de faire rire. Le rire c’est la clé pour faire passer des messages.

 

Est-ce que tu considères tes pièces comme engagées ?

Je veux vraiment mettre la femme au cœur des sujets. Il y a trop d’inégalités pour que je reste passive. En faisant ça, je trouve du sens à mon travail.

 J’ai créé ma propre pièce de théâtre pour défendre des valeurs qui me tiennent à cœur avec des sujets qu’on évoque très peu dans le théâtre. Quand on regarde une comédie, c’est souvent des comédies de couple écrites pas des hommes. Dans ce cas, la femme est le faire-valoir de l’homme et on fait un peu la potiche. On est plus que ça.

 Aujourd’hui, toutes les pièces ne sont pas engagées. Mais il y a plus de femmes qui écrivent : c’est déjà un gros changement.

Tu irais jusque dire que cet engagement est du féminisme ?

Oui… Cependant, il y a quelques temps un homme est venu me voir agacé. Sans même avoir vu la pièce, il m’a dit « ouais… encore une pièce féministe ». Pour ceux qui prennent ce mot avec une connotation négative, je peux leur répondre que non ce n’est pas féministe : c’est une pièce réaliste !

  

En général, quel public vient voir cette pièce ?

Ça dépend tellement. Je vois beaucoup d’hommes et de femmes qui viennent en couple ou non. Ils viennent à tout âge. On a même des dames vraiment âgées. Ce qui m’a surprise c’est que j’ai vu des ados à partir de 15 ans.

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© Amélie Boniface

As-tu des retours du public après ta prestation ?

Des femmes me confient « Merci, on se sent moins seules ». J’ai aussi parfois des retours d’hommes qui disent « je n’avais pas envie de venir mais j’ai passé une trop bonne soirée ». J’exagère les traits donc je n’ai jamais eu de retours d’hommes qui se sont sentis attaqués.

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Dans ta carrière, d’autres rôles t’ont-t-ils marqués ?

Quand je suis tombée enceinte je me suis dit que ça allait être problématique pour jouer. J’aurais pu décider de cacher ma grossesse mais j’ai assumé à fond. C’est là que j’ai créé ma première websérie, « quoi de 9? ». Je voulais défendre le fait d’être comédienne et maman. Ça a dû en interpeller plus d’un.

 

Est-ce qu’aujourd’hui tu arrives à vivre du théâtre ?

Aujourd’hui, complètement !

Quand j’ai commencé le stand up je ne gagnais presque rien donc je faisais des petits boulots à côté. Je me suis même mise à vendre des forfaits téléphoniques sous -20 degrés en banlieue de Montréal.

En France, on a la chance d’avoir le statut d’intermittent du spectacle. Ce n’est pas le cas au Québec.

Au début, on accepte plein de petits contrats un peu partout puis petit à petit ça marche mieux. Le top c’est de créer ses pièces : on se fait nos propres opportunités.

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© Flore Fauchille

En ce moment le cinéma est bousculé par les polémiques sur Depardieu. As-tu déjà constaté des situations d’injure ou d’agression dans le monde du théâtre ou du cinéma ?

Des hommes qui abusent de leur pouvoir il y en a partout mais je pense que c’est plus complexe dans le théâtre ou le cinéma. Dans une entreprise classique, tout est hiérarchisé, il y a des contrats, des services ressources humaines. Mais dans notre milieu, il n'y a pas tout ça, on est moins protégé sur le plan juridique. Au théâtre par exemple, c’est beaucoup de confiance et d’engagements verbaux. C’est aussi un métier d’image puisque c’est notre outil de travail. Chaque prise de parole en public ou dénonciation peut mener à une perte d’emploi, à mettre à risque sa réputation.

 

Qui sont tes modèles dans le métier ?

Comme comédien, je dirais Guillaume Canet. Il écrit, il réalise et il joue. Son côté multi casquette m’inspire. Ses films ont de beaux messages.

J’aimerais aussi parler de Danielle Fichaud. Elle était ma coach au cinéma. Elle va avoir 70 ans cette année. Elle commence sa carrière d’actrice en France seulement maintenant. Elle a enfin des rôles qu’elle mérite. Elle a joué avec Valérie Lemercier dans le film « Aline » ou encore avec Franck Dubosc dans « Noël Joyeux ». Elle illustre que dans notre métier, il faut de la patience.

 

Tu aimerais ajouter quelque chose ?

La vie est trop courte. On n’a pas le temps de se forcer à faire ce qu’on n’aime pas.

Dans le Nord, je joue ma dernière date le 13 janvier au petit théâtre de Templeuve. Après, on a une quarantaine de dates partout en France : Strasbourg, Nancy, Lyon, Paris ou encore Brest.

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Amélie BONIFACE

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