Mamady Traoré :
"Quand on joue,
on ne voit plus le handicap."
À seulement 20 ans, Mamady Traoré est déjà considéré comme l'un des meilleurs joueurs français de basket-fauteuil.
À exactement 1 an des Jeux de Paris 2024, où il espère pouvoir représenter son pays, le jeune hoMme d'une grande maturité revient sur son parcours avec MØNEO.
Qu’est-ce qui t’a amené au basket fauteuil ?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai subi beaucoup d’opérations. Avant cela je pratiquais le football. À l’âge de 8 ans je me suis fait réopérer pour ma malformation à la jambe. Et le prof de sport du centre de rééducation était en fait le président du club de basket où j’ai fini par commencer le basket.
À la base le basket n’était pas une passion.
La basket fauteuil est encore méconnu en France, quelles sont les différences majeures, au-delà du handicap, avec le basket valide ?
Il n’y a pas vraiment de différences. Le terrain fait la même taille, les paniers sont à la même hauteur, les lignes de trois points à la même distance… La seule différence est qu’il n’y a pas de reprises de dribble.
Qu’est-ce que tu ressens quand tu joues ?
Quand on joue, on ne voit plus le handicap. C’est comme si 5 personnes valides affrontaient 5 autres valides. On a envie de se défouler.
Je n’ai jamais vraiment complexé, mon handicap ne m’handicape pas tant que ça dans la vie de tous les jours.
Mais je passe la plupart de mes journées à faire du sport, sinon je m’ennuierais et me morfondrais.
Aujourd’hui tu es considéré comme l’un des meilleurs joueurs de ta génération, comment est-ce que tu vis ce statut ?
C’est un plaisir d’être reconnu en tant que tel. Je m’entraîne pour faire partie des meilleurs, c’est vraiment un objectif de le devenir et de le rester.
Pourtant, tu as été repéré sur le tard non ?
J’avais fait un stage à 14 ans qui m’a permis d’intégrer le centre fédéral de Bordeaux. J’y suis resté pendant trois ans avant de retourner à Meaux, l’un des meilleurs clubs français, qui évolue en première division. Je suis ensuite parti deux ans en Allemagne, à Hambourg. Et là je reviens en France.
Tu viens d’être annoncé de retour en France en club, après une période en Allemagne. Est-ce que c’était un besoin de rentrer chez toi, en France ?
J’ai préféré rentrer car l’année 2024 est une année paralympique. J’ai préféré rentrer car en jouant à l’étranger, c’est plus compliqué de se rendre disponible pour l’Equipe de France.
Le club n’accepte pas forcément de te libérer, les calendriers ne coïncident pas.
Rentrer en France est un choix stratégique et logique, d’autant que le championnat français ne fait que progresser.
J’ai toujours eu l’habitude d’être sans mes parents de par mes opérations. J’ai appris à être indépendant rapidement
Tu es aujourd’hui en Équipe de France. Est-ce que tu t’y attendais ?
Je m’attendais à être en Équipe de France jeunes mais pas avec les A. ça fait plaisir d’avoir cette reconnaissance. Mon travail paie, que le coach et me fait confiance. Forcément ça fait plaisir.
Mais tu as à peine 20 ans, de quoi on rêve à 20 ans après avoir accompli tout cela ?
Mon rêve est évidemment de participer aux Jeux de Paris 2024. Mais il faut d’abord aller chercher la qualification, le basket fauteuil est le seul sport où l’équipe qui reçoit n’est pas déjà qualifié d’office.
On a vécu ça comme une injustice car auparavant ce n’était pas le cas. Maintenant ça nous permet de prouver que l’on mérite notre place.
Mondialement, la France était absente, mais depuis l’arrivée du nouveau sélectionneur, les ambitions sont très élevées. On peut faire de très grandes choses avec cette équipe.
Comment pourrait-on faire connaître davantage ta discipline selon toi ?
Il faudrait davantage faire essayer les jeunes, les sensibiliser à la discipline. Et sensibiliser les médias aussi car une année paralympique arrive et la couverture médiatique est malheureusement très faible. Nous sommes à peine diffusés sur internet.
Certains proposent de faire jouer les Jeux Paralympiques avant les Olympiques, est-ce que cela permettrait d’attirer plus de monde selon toi ?
Ce n’est pas une mauvaise idée. Après les Jeux Olympiques, il y a beaucoup moins de monde qui s’intéresse au paralympisme.
Si les Paralympiques se déroulaient avant, les gens seraient dans l’attente et pourraient peut-être plus s’intéresser. C’est un peu plus connu mais il reste beaucoup de choses à faire.
Ils verront que le sport paralympique est un sport à part entière. Il n’y a pas de différences.
Arthur PUYBERTIER