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Pierre Salzmann-Crochet :
le speaking,
"une autre manière de vivre mon rêve"

Du haut de ses 2.08m, c'est avec sa voix et son énergie que Pierre Salzmann-Crochet s'est fait sa réputation. Le "speaker fou" revient pour MØNEO sur son métier, original et rare, qui lui a permis de vivre son rêve outre les obstacles de la vie.

Ses références, le coup de fil de Tony Parker, son surnom… à la rencontre d'une personnalité attachante et persévérante. 

D'abord est-ce que tu peux nous expliquer en quoi consiste ton métier ?

Je suis donc speaker. Le speaker est chargé d’annoncer les faits de jeu avant tout. Mais c’est maintenant aussi celui qui crée une bonne ambiance autour du match, en faisant participer le public tout en restant fair-play.

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Comment est-ce que tu en es venu au basket ; puis à speaker ?

C’est le sport que j’ai pratiqué depuis mes 6-7 ans, mais devenir speaker s’est fait par hasard. J’étais connu dans ma région pour avoir une grande bouche et on m’a appelé pour être speaker du tournoi Quartier Ouest près de Caen. J’ai donc testé et quelques semaines plus tard, les dirigeants du Club de Douvres (N3 féminine) m’ont demandé d’être leur speaker pour apporter quelque chose de nouveau. Je ne savais pas que ça pouvait être un métier.

 

À quoi te prédestinais-tu à la base ?

Comme tout basketteur, j’aurais voulu jouer en NBA ou en Euroleague mais je n’avais pas le niveau ; alors je voulais travailler autour de ce sport. Le journalisme m’intéressait beaucoup mais je me suis trouvé très à l’aise dans le speaking. J’ai monté ma société quatre ans après avoir commencé, et je peux maintenant en vivre depuis deux trois ans. J’ai pris exemple sur des speakers qui en vivent.


Qui sont tes modèles justement ?

Les speakers de NBA forcément ! John Mason des Detroit Pistons ; celui des Bulls avec la musique Sirius en fond ; mais aussi Michael Buffer en sports de combat et son « Let’s get ready for rumble ! ».

J’ai eu la chance d’être formé par les trois plus grands speakers français dont Alain de Senne qui m’a mis le pied à l’étrier à Rouen, Jamil Rouissi, speaker du Quai 54, et Vincent Royet, speaker de l’Équipe de France et du Mans notamment. Forcément, ça aide (sourire).

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© Joël Philippon / MAXPPP

Petit à petit tu grimpes les échelons jusqu'à l'ASVEL de Tony Parker, le CBC etc. Comment est-ce que tu as vécu cela ?

C’est une belle revanche sur la vie. Des problèmes de santé m’ont empêché de faire ce que je voulais mais je me suis rapidement senti comme un poisson dans l’eau dans le speaking. Je me sentais fait pour ça ! Je suis appelé pour des événements internationaux, on entend parler de moi, et je suis considéré parmi les bons animateurs donc c’est flatteur. Si on m’avait dit que j’allais vivre de cela quand j’avais des soucis de santé, je n’y aurais certainement pas cru.

Je suis allé sur les terrains d’Euroleague pour animer, j’ai collaboré avec la NBA, la fédé… alors c’est vraiment une autre manière de vivre mon rêve ! D’autres portes s’ouvrent quand certaines se ferment.


De quoi rêve-t-on en tant que speaker, pendant que les joueurs rêvent de NBA, Euroleague etc ?

Je rêve de la même chose. Continuer à évoluer dans un métier hyper épanouissant avec des gens passionnés. Je veux perdurer, savoir me renouveler.

Maintenant j’ai deux rêves, même si l’un est plutôt un objectif : il y a les JO en ligne de mire clairement et les États-Unis restent un rêve même si cela paraît compliqué, mais ça reste dans un coin de ma tête. Ne pas y arriver ne sera vraiment pas un échec.


Est-ce que finalement ça te donne envie de goûter à autre chose, de la radio par exemple avec ta voix unique ?

J’ai déjà pu faire de la radio, je fais un peu de télé avec France3 Normandie où je fais une chronique sportive. Je m’imagine d’autres possibilités, radio télé mais c’est dans le speaking que je m’épanouis le plus !

La présentation du regretté Kobe Bryant par Pierre Salzmann, en 2017

Quel est ton plus beau souvenir en tant que speaker ?

J’ai beaucoup de souvenirs pour n’en choisir qu’un (rire). À Mondeville (Calvados), un shoot au buzzer m’a fait péter un câble et m’a valu mon surnom de « speaker fou ». J’ai eu l’honneur d’annoncer Kobe Bryant à un événement Nike en 2017. Il y a aussi la saison folle de Caen en ProB, l’animation pour les Harlem Globe-trotters ; et aussi le coup de fil de Tony Parker. J’ai des souvenirs incroyables partout et j’en veux encore d’autres !

 

Le coup de fil de Tony Parker ?

C’est ça ! J’ai été speaker pendant un match bouillant entre Lyon et Mondeville à Pont L’Évêque, fief de Nicolas Batum et Marine Johannes en Normandie. Malheureusement Nico ne pouvait pas être là et avait demandé à Tony de faire une apparition pour son ancien club. Il est venu ce qui a amené énormément de monde à Pont-L’Évêque ! Il était protégé donc inatteignable.

À la fin du match un homme en costard vient me demander mon numéro « pour Monsieur Parker ». Je l’ai donné sans trop y croire et quelques semaines plus tard, mon téléphone sonne avec un indicatif « San Antonio, Texas ». Je décroche et j’entends « Salut Pierre c’est Tony Parker ». On a pu échanger quinze minutes, il est très accessible, et il m’a demandé de devenir speaker pour l’ASVEL à partir de l’année suivante.

 

Et la suite maintenant c’est quoi ?

La saison se termine, j’ai toujours un an de contrat avec Caen et Mondeville ; et j’ai un CDI avec l’ASVEL ! Je veux continuer en Euroleague, faire des événements comme le All-Star Game, retravailler avec la NBA ; mais aussi me diversifier avec pourquoi pas de l’animation de boxe, de la télé etc

Arthur Puybertier

Photo Une : Infinity Nine Media

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