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Margault Lemperiere : "Toute sa vie, on va vivre avec son corps, donc autant l'accepter."

Photothérapiste, Margault Lemperiere redonne à de nombreuses femmes confiance en elles. Pour dénoncer des tabous de la société, la jeune femme propose également du contenu inspirant autour du "body-positive".

Pour MØNEO, elle raconte son parcours et ce qui l'anime au quotidien.

Comment t'es venue l'idée de créer un compte dédié au body-positive ?

Je suis photographe spécialisée en photothérapie.

Cela fait 2 ans que je parle de body-positive mais basé sur l'art. Et en fait j'étais assez bridée sur mon contenu parce que je devais rester professionnelle sur mes propos. Je rencontre mes clientes, elles me racontent énormément leurs vécus. Des femmes qui ont subi des violences conjugales, d'autres un cancer, etc.

Donc j’ai créé un compte où je parodie des propos que j'avais reçus ou que des femmes m'avaient raconté pendant des séances, ou simplement des propos de la société qui ne vont pas.

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D’où viennent toutes les situations et remarques que tu relates ?

Alors il y en a que j'ai reçu, mais pas toutes, Dieu merci ! Mais je pioche mes idées de faits réels et pas de mon imagination.

Elles viennent de commentaires que j'ai reçus, malheureusement, plus je fais de vidéos, plus j'ai de mauvais commentaires. Notamment de la part d’hommes, donc j’avoue qu’ils m’aident beaucoup dans ma source d'inspirations (sourire).

J'ai aussi beaucoup de femmes qui m’envoient des messages sur mes vidéos pour parler parce que ça leur fait du bien. Ou alors tout simplement tout ce qui est story time sur les réseaux sociaux où on parle de « oui aujourd'hui je me suis encore fait suivre dans la rue, je me suis encore fait siffler ».

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© Margault Lemperiere

Comment définirais-tu la photothérapie ? Quel a été le déclic pour en faire ton activité ?

Alors là, faut remonter à très loin ! Il y a encore trois ans, je n’étais pas capable de sortir de chez moi seule, parce que je souffrais d'un grand manque de confiance en moi. Je ne me sentais pas légitime que l'on porte un regard sur moi. Ça a été compliqué, je suis allée voir des psychologues, j'ai été voir tout le corps médical. Rien n'a fait.

Au début je ne pensais pas en faire mon métier. J'ai toujours aimé me prendre en photo depuis petite et j'ai commencé à me prendre en photo sans me retoucher. Mais je mettais en avant ce que je détestais chez moi : en l’occurrence, mon nez et ma mâchoire. Mais je ne savais pas que ça s'appelait « photothérapie ».

Je me suis dit qu’étant donné que je revenais de loin, je me devais de le proposer à d’autres femmes. C’est là que j’ai commencé à faire mes recherches, à contacter des photographes. Ça existe dans d’autres pays, mais en France je suis l’une des premières.

Qu'aurais-tu à dire à ceux qui disent que « ça ne sert à rien le body positive » ?

Je pense que les gens qui m'envoient la haine sont simplement des gens qui sont mal dans leur peau.

Ces gens essaient de me rabaisser parce que ça ne leur plait pas qu'une femme se sente bien dans son corps.

Certes, j'ai beaucoup de commentaires disant de « faire attention avec le poids, ça peut être en dangereux pour la santé ». C'est sûr que l'obésité est dangereuse pour la santé, en revanche avoir quelques kilos en trop, ce n'est pas dangereux. Il ne faut pas tout de suite de crier à l'obésité.

Toute sa vie, on va vivre avec son corps, donc autant l'accepter, du mieux qu'on peut.

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Tu n’emploies jamais le terme de « norme ». Pourquoi avoir banni ce terme ?

Je sors d'une école de mode. Il fallait faire un défilé, donc on n'a pas eu le choix dans les mannequins, c'était un maximum taille 36. Ça fait mal au cœur. Et dans ma classe, j'avais des filles qui étaient mannequins, qui pesaient à peine 50 kilos, et à qui l’on demandait de perdre 10 kilos.

On m’a tellement rabâché que je ne rentrais pas dans la norme du stylisme parisien ! Et qu’il allait falloir que je perde du poids pour qu'on m'accepte hiérarchiquement.

Donc je pense qu’il faut vraiment bannir tous les termes d'exclusivité, que ce soit du corps de la femme, ou des vêtements.

Dans mes shootings photo, il m'arrive de faire du personnal shopping. La dernière fois, j'ai cherché des tenues pour une dame qui avait un cancer du sein, qui taillait du 46. Je ne me sentais pas concernée, parce que je taille un 36, mais ça a été très compliqué de trouver des vêtements actuels, en taille 46, et c’est là que ça m’a vraiment alerté.

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© Margault Lemperiere

Est-ce que le body positive s’adresse uniquement à un public féminin ?

Quand je fais mes vidéos, je m'adresse aux femmes, parce que j'en suis une et très simplement, je sais ce que c'est que d'être dans la tête et le corps des femmes. J’utilise les mots que j'aurais voulu entendre à l'époque où je voulais reprendre confiance en moi.

Si les hommes se sentent concernés, c’est avec grand plaisir !

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Pourquoi est-ce important pour toi de remercier tes clientes pour leur « confiance ?

Parce qu'elles se livrent énormément à moi. Elles prennent l'initiative de prendre rendez-vous avec moi, elles savent que ça va être plus ou moins douloureux, et qu'elles vont devoir me raconter leur histoire.

Pour moi, c'est plus qu'une confiance, c'est vraiment un partage. C'est important pour moi de les remercier et DE leur prouver que oui je les aides, mais qu'elles aussi? elles m’aident en retour.

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Quelle est la force pour toi, dans un art comme la photographie ?

Tu ne peux pas mentir sur une photo. Un regard ne ment pas, l'attitude ne ment pas. Jamais on ne pourra penser que les émotions sont fausses sur une photo.

 

Est-ce que tu aurais un conseil à donner à une personne qui n’oserait pas s’habiller comme elle le souhaite, par peur d'être jugé, que ce soit dans la rue ou sur les réseaux ?

D’oser ! C'est vraiment l'histoire de ma vie. Le jour où j'ai osé, je n’ai pas remarqué plus de jugement que ça. Quand tu t’habilles « simple », on va dire que t’es un mouton, que tu t’habilles différemment, on va dire que tu sors du lot et que tu es bizarre. Dans tous les cas, on trouvera toujours quelque chose à dire. On a peut-être des regards un peu plus insistants, mais finalement, tu peux être que fière de toi d'avoir osé. Souvent les gens qui regardent mal, ce sont des gens qui n’oseraient pas faire ce que tu es capable de faire.

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Rachel Ducept

Photo Une : Margault Lemperiere

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