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Mathias Lacombe :
" 'Obligé' de m’expatrier aux États-Unis, mais je l’ai toujours voulu."

Dans l’histoire du baseball américain, Mathias Lacombe est seulement le deuxième Français à être drafté, le premier depuis 15 ans !
Tombé amoureux de ce sport “par hasard”, il raconte ses ambitions et son parcours, qui l’a poussé à s’expatrier pour mener une carrière professionnelle.

Je m’appelle Mathias Lacombe, j’ai 21 ans, et je joue au baseball pour les Chicago White Sox, une équipe de MLB. J’ai été drafté l’été dernier donc je démarre en Ligue Mineure.

 

Comment en es-tu venu au baseball ?

J’ai commencé par hasard. Personne ne faisait de baseball dans ma famille qui est plutôt branché rugby. J’ai voulu arrêter le rugby. Mon père a accepté à condition que je fasse du sport. Je suis allé à un forum des associations qui présentaient leur sport dans mon village. C’est le baseball qui m’a le plus plu, alors je me suis inscrit.

 

Quel a été ton parcours avant la MLB ?

J’ai commencé le baseball à 8 ans, dans un petit village du sud-ouest. Puis j’ai joué à Saint-Aubin de Médoc en D2 avant d’aller au Paris University Club et à Bordeaux, avant de finir par trois saisons au Stade Toulousain.

Puis je suis allé faire deux années universitaires en Arizona, aux États-Unis. Cela m’a permis de beaucoup progresser.

© Mathias Lacombe

Le baseball est peu répandu en France… Est-ce qu’il a été facile de pratiquer et de monter en niveau ?

En France le baseball se développe mais lentement. Il n’y a que 13 000 licenciés et ce n’est pas professionnel. Forcément c’est compliqué de se développer en France. Il y a différents championnats pour les jeunes mais après mes années à Toulouse, je devais partir si je voulais performer à haut niveau mondial et me professionnaliser.

J’ai été « obligé » de m’expatrier aux États-Unis, mais je l’ai toujours voulu.

 

Tu joues au poste de lanceur, celui qui a le plus de pression…

Oui c’est ça ! Il y a beaucoup de pression mais j’aime ça ! J’aime quand les matchs sont serrés, quand il y a de la tension, du duel. J’adore devoir gérer le stress. Je peux toujours apprendre de nouvelles choses, toujours progresser et ça me fait kiffer !

 

Justement, comment fais-tu pour gérer cette pression ?

J’ai la chance d’être plutôt calme de base (sourire), ça me permet d’être relâché. Après j’ai aussi des techniques respiratoires quand ça commence à aller mal, pour pouvoir reset mentalement.

 

Est-ce que c’est ton calme qui a conquis les franchises américaines ?

C’est un tout mais ma « personnalité » a joué un grand rôle. Dans le baseball, le mental est vraiment important, c’est plus de la moitié du travail. On ne peut rien réussir si le stress prend le dessus. C’est difficile de remonter la pente quand on laisse l’adversaire prendre le dessus mentalement. Le fait que je relativise vite, que je reste calme, est un atout pour moi.

 

Ton aventure prend un tournant en juillet dernier quand tu es sélectionné au 12e tour après avoir refusé des propositions aux 5 et 6e tours. Comment l’as-tu vécu ?

Mes échanges avec des recruteurs m’ont permis d’avoir de grosses attentes à la draft. Je savais que j’allais être drafté, mais pas où ni à quel prix.

Avec mon agent, j’avais fixé un prix, que certaines équipes n’ont pas atteint le deuxième jour de la draft. J’ai préféré attendre mieux, bien que les équipes proposent moins les jours suivants.

Mais au troisième jour, deux autres équipes m’ont proposé des contrats qui me plaisaient, dont Chicago qui a été plus rapide et a pu me prendre.

© Mathias Lacombe

Le fait de fixer une exigence financière était-il une volonté d’avoir des garanties sportives, ou de te sécuriser financièrement ?

Les deux. C’est toujours mieux de gagner de l’argent, mais c’est surtout une sécurité sportive. Ils draftent tellement de joueur que tu représentes un vrai investissement pour ton club. Plus ils te paient, plus tu as de chances de rester, plus ils auront de mal à te virer, et plus tu comptes pour eux sportivement.

 

Les White Sox sont une franchise mythique du baseball ! Comment as-tu vécu l’alignement des planètes, que ce soit eux qui répondent à tes exigences pécuniaires ?

Honnêtement, toutes les équipes ont de bonnes infrastructures, de bons coachs : je voulais jouer pour l’équipe qui me donne le plus. Le fait que ce soit les White Sox est quelque chose de cool. En ce moment elle ne performe pas, ce qui signifie que les coachs vont donner leur chance aux jeunes les plus prometteurs pour espérer s’améliorer. J’ai plus de chance de jouer ici qu’aux Dodgers qui ont les meilleurs joueurs.

 

Tu as signé un contrat de 7 ans, est-ce que tu as déjà un plan sur cette durée ?

Tout peut arriver, mais mon objectif est d’intégrer l’équipe première d’ici trois ans. Certains le font en 1 an, d’autres en plus ou moins de temps. Je n’ai pas encore assez pu jouer, me confronter aux autres joueurs de l’équipe pour me situer.

Est-ce que tu t’es déjà senti progresser depuis ton arrivée ?

Je me suis blessé en arrivant, mais j’ai pas mal progressé physiquement. Je me suis musclé, ça m’a permis d’être en bonne santé ensuite, et d’améliorer ma vitesse de lancer aussi. Chaque lancer est mesuré par un radar, que ce soit en match ou à l’entraînement. Il calcule l’angle, la vitesse, l’effet : on peut retravailler ensuite.

Il y a beaucoup plus d’expérience et de moyens, là où les Français doivent tout importer des US. Tout est à portée de main ici.

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© Mathias Lacombe

Tu es seulement le deuxième Français drafté, le premier depuis 15 ans. Est-ce une pression supplémentaire ?

J’essaie de ne pas me comparer aux autres pour tracer mon propre chemin. Forcément c’est une fierté personnelle, je reçois beaucoup d’amour de mes porches. Je veux montrer que même si l’on ne vient pas de la terre du baseball, il est possible de faire de grandes choses et d’atteindre le plus haut niveau mondial.

 

Quels sont tes objectifs pour la suite ?

Je rêverai de faire les JO, mais il faudra attendre 2028 pour voir le baseball aux Jeux. Il n’y aura que 8 équipes, la qualification risque d’être compliquée… Je rêve de pouvoir porter le maillot de l’Équipe de France en tournoi, à la Coupe du Monde, mais il faudra se qualifier.

Personnellement, je veux monter les échelons un à un. Peu importe d’où je démarre je veux gravir 1 à 2 échelons par an. À moyen terme, je veux jouer des matchs de MLB avant de faire carrière, m’installer sur la durée.

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Arthur Puybertier 

Une : © Mathias Lacombe

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