Valentin Monteiro :
"Une époque où les gens mettent 350€ dans une paire sans sourciller."
A 22 ans, Valentin Monteiro continue de monter dans le personal shopping. Passionné par les baskets depuis petit, il est chargé par des artistes ou encore des athlètes de dénicher leurs futures chaussures.
Il revient pour MØNEO sur sa passion, ses rencontres mais aussi sur le marché des sneakers.
Je suis Valentin Monteiro, j’ai 22 ans, et j’habite à Orléans, je suis personal shopper. En gros je m’occupe de dénicher des chaussures pour des sportifs, des célébrités, mais aussi les gens lambda comme nous. C’est très diversifié avec autant de plaisir.
À côté de ça je suis toujours en études en ingénierie d’affaires, en alternance.
Depuis combien de temps fais-tu du personal shopping ?
Au début, j’en faisais sans m’en rendre compte ! Mes potes m’envoyaient des messages pour savoir si je pouvais leur trouver telle ou telle paire de baskets. C’était il y a 5-6 ans.
Je me suis orienté vers les sportifs, célébrités il y a un an.
Arrives-tu à en vivre ?
En vivre honnêtement non, j’en suis très loin. C’est ni plus ni moins que mon argent de poche personnel. Un bon complément en tant qu’étudiant. Mais le but est d’en vivre à l’avenir bien sûr !
Je prends 20 % de commission par paire, mais malgré ça je suis toujours à des tarifs inférieurs aux grandes plateformes. Le total de ventes est aléatoire, et le prix des paires varie. 20 % de commission sur une paire à 200€, c’est pas pareil que sur une paire à 1200 ! Disons qu’un bon mois ce serait 3-4 ventes de paires à bon budget, soit 500€ environ.
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Comment en es-tu venu à en faire ton métier ?
Je suis avant tout un passionné. Depuis le collège je suis à fond dedans. J’achetais pour les mettre, avoir une petite collection. J’aimais dénicher les bonnes affaires, chercher les baskets que personne n’avait.
À force d’être dans les chaussures, je me suis fait un petit réseau qui me permet d’avoir des paires plus rapidement.
J’ai fait mon alternance chez Uncle J, une marketplace de revente de sneakers reconditionnées. Mes patrons m’ont encouragé à me lancer et c’est ce que j’ai fait !
Je suis basketteur alors j’avais un petit réseau dans ce milieu aussi. Je connaissais des joueurs contre qui je jouais plus jeune, et qui sont eux passés professionnels. J’ai vendu une paire à un basketteurs, puis deux, trois… C’était lancé !
Est-ce qu’il y a une personne qui a vraiment lancé ton activité ? En te faisant connaître etcetera.
Parmi mes tout premiers clients, il y avait Dominik Máthé, joueur du PSG Handball.
Au début de ma professionnalisation, j’envoyais des messages à des personnes pour me présenter et présenter mon activité, mes services. Et c’est comme ça que ça s’est fait, on a gardé contact et il me demande des paires de temps en temps.
Il y a aussi Brisco, le freestyleur basket. Il m’a fait confiance hyper rapidement. Et aussi Jayson Tchicamboud, que je connaissais de nom, qui m’a fait une paire à mes tout débuts aussi et qui m’en demande encore. Je leur suis reconnaissant de leur confiance alors que je n’avais pas du tout de notoriété, de visibilité.
© Valentin Monteiro
Est-ce qu’il y a justement eu une sollicitation qui t’a vraiment surpris ?
Ce qui m’a étonné, c’est que Wejdene m’ait répondu seulement 10 minutes après que je me suis présenté à elle ! Elle m’a demandé mes coordonnées etcetera pour pouvoir me recontacter facilement.
Et au final il y a beaucoup de célébrités qui sont plus accessibles qu’on ne le croit ! Mais Wejdene c’était tellement rapide et inattendu !
Est-ce qu’il y a eu une demande plus difficile que les autres à honorer ?
Certaines paires sont introuvables maintenant… Celles de basket de 2016-2017 par exemple. Jayson Tchicamboud m’a sollicité pour certaines paires, mais je n’ai pas pu toutes les dénicher.
Quand je sais que ce sera compliqué, je demande un délai de 7-10 jours avant dire que je n’ai pas trouvé mais que je penserai à eux si je les vois passer.
Est-ce qu’il y a une paire que tu aurais bien garder pour toi ?
(rire) Je l’ai dans ma collection maintenant mais j’avais pu dénicher une Jordan 1 Maison Château Rouge pour Dominik Máthé. Une paire magnifique, difficile à trouver puisqu’il me demandait du 48,5 ! Pas de regrets, je n’aurais pas pu la porter, mais j’ai pu la trouver à ma taille par la suite.
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T’es-tu déjà fait arnaquer avant de donner les baskets à une célébrité ?
J’essaie toujours de donner en main propre, et ce peut être compliqué de se rencontrer lorsqu’il s’agit d’une grande star. Il faut se mettre d’accord pour un point de rendez-vous.
Certains essayaient de négocier le prix que l’on avait convenu, mais aucune vraie arnaque.
© Valentin Monteiro
Quel est ton meilleur souvenir ?
J’en ai vraiment beaucoup ! Je dirais peut-être ma transaction avec Audrey Dembélé, joueuse de l’Équipe de France de Handball. Cette joueuse là était dans ma classe au lycée ! On s’était perdu de vue alors forcément cela faisait plaisir de se revoir, manger ensemble, voir qu’elle avait fait son chemin et quel chemin !
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Que penses-tu de la place des Français dans le marché de la chaussure ?
Il y a la plateforme Wethenew, devenu leader du marché en très peu de temps. Sinon on a pas mal de gars passionnés qui représentent bien la France comme La Routine. Certains comme SwaveKiqs ont commencé dans leur chambre et ont maintenant leur magasin à Paris, c’est chouette !
On est loin derrière les USA où c’est une vraie religion, mais on n’a rien à leur envier.
Le business de la basket est-il éternel ?
Le monde de la sneakers ne se porte pas bien actuellement. Certains ont fait faillite faute de trésorerie, mais il y aura toujours moyen de gagner de l’argent avec du re-sell : si le neuf ne marche plus, on passera à de l’occasion et ainsi de suite.
Et la chaussure en elle-même, est-elle une mode éternelle ?
Je pense sincèrement qu’elle est éternelle ! On est rentré dans une sphère où les gens mettent 350€ dans une paire sans sourciller, alors que 350€ c’est un quart de SMIC ! C’est énorme ! Cela choque de moins en moins, ça montre que les sneakers sont bien installées.
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Que penses-tu des marques françaises sur le marché ?
Elles restent marginales malheureusement. Maison Château Rouge a fait une collaboration avec Nike Jordan, c’est très fort ! Certaines marques indépendantes vivent très bien aussi comme Forever Vacation. Avec le temps, on aura de plus en plus de personnes qui vont se démarquer !
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© Valentin Monteiro
Quels conseils donnerais-tu pour dénicher des paires à bas prix ?
Ne pas hésiter à acheter d’occasion ! Les plateformes de revente sont une bonne affaire. Des chaussures portées deux fois perdent en valeur en devenant d’occasion alors qu’elles sont comme neuves, c’est vraiment intéressant. Vinted est plateforme géniale pour ça, mais attention aux arnaques. Demandez à une connaissance plus experte de vous aider avant de mettre une somme importante.
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Où aimerais-tu que ton activité t’emmène ?
J’aimerais en vivre. Bien en vivre. Je veux devenir une référence en la matière, ne plus avoir besoin de démarcher mais que l’on vienne me chercher parce que l’on me connaît pour mon sérieux et mon travail. Ça voudrait dire que j’ai réussi.
Mais je ne veux pas griller les étapes, et continuer à grandir petit à petit.
Est-ce que tu vis un rêve ?
Oui on peut dire ça ! J’adore la mode, les chaussures depuis tout petit ! Le milieu du sport me passionne alors pouvoir interagir avec les athlètes est vraiment un plaisir, un petit rêve qui se réalise !
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Arthur PUYBERTIER