Caq : Un Planète Rap au pied de la lettre
De jeune diplômé d’architecture à rappeur. C’est l’histoire de l’artiste Caq, qui après avoir sorti son premier EP fait le tour du continent américain pendant un an. Pour partager son voyage, il décide de faire un morceau par pays qu’il visite. MONEO revient avec lui sur son « vrai Planète Rap ».
Je m’appelle Caq. J’ai toujours aimé faire du rap et surtout depuis mes 16 ans. J’ai commencé par faire des freestyles avec mes amis en écoles d’architecture. Mais je me suis lancé assez tard parce que je ne me sentais pas du tout légitime. En fait, j’avais des aprioris sur le fait qu’il fallait venir de « milieux un peu compliqués » pour faire du rap, alors que moi ce n’est pas du tout le cas. J’ai vécu dans un milieu plutôt privilégié, j’ai grandi à Rambouillet etc.
A la fin de mes études j’ai refait un petit freestyle dédicacé à tous mes potes. Une rencontre qui m’a permis d’enregistrer en studio. Suite à ça, j’ai voulu dépasser mes aprioris. J’ai acheté du matériel et je m’enregistrais dans ma chambre.
En juin dernier, j’ai sorti mon EP et deux semaines après, je partais en voyage en Amérique pendant un an. Mais j’étais frustré d’avoir lâché mon projet juste avant de partir, donc j’ai commencé à écrire pendant mon voyage pour sortir un deuxième EP en rentrant en France. Finalement, ce qui me plaît le plus dans la musique c’est de la partager. Donc je me suis un peu forcé à me dévoiler devant la caméra et à poster mes sons sur Insta.
Tu as commencé à 17 ans, tu dis dans le premier titre de ton album que l'on t'a "dit que tu étais bon". Qui t'as poussé à continuer dans cette voie ?
C’est vraiment la validation de mes amis qui m’a poussée à continuer. En soirée, on choisissait cinq mots et on se laissait trente minutes pour faire un couplet contenant ces mots. Ce que j’aime c’est aller chercher les rimes qui sont complètement improbables. Ça m’a motivé à fond pour continuer.
Tu as sorti ton premier EP intitulé Caquophonie. Tu fais des références à de nombreux rappeurs. Quel est ton idole ou celui qui t'as donné envie de faire du rap ?
Celui qui m’a donné envie c’est Kacem Wapalek. Quand je l’ai découvert en première année d’architecture, je me suis dit : « je vais essayer de faire ça. Ses schémas de rimes sont incroyables ». Aujourd’hui, j’ai plein d’autres références, comme Orelsan. C’est surtout son parcours et ses documentaires qui m’ont beaucoup intéressé. Il m’a un peu ouvert les yeux, notamment sur le fait qu’il faut un peu s’en foutre des préjugés sur qui devait faire du rap ou non.
Deux mois après la sortie de ton Ep tu pars faire un road trip de 1 an en Amérique. Et tu te donnes le défi fou de faire un titre par pays. En somme, tu fais un Planète Rap, mais au premier sens du terme. Pourquoi avoir choisi ce format ?
J’ai commencé mon voyage au Canada. Ma copine m’avait acheté un petit carnet de rimes dans lequel j’écrivais des petits textes. Et il y a une rime qui m’est venue dans laquelle il y avait « planète rap » dedans. Et là ça m’a fait un déclic : je vais voyager, j’écris des titres et même temps j’ai envie de partager mon voyage sur Insta d’une façon originale. Quatre jours après, je quittais le Canada pour les USA, donc je me suis dépêché d’écrire et d’enregistrer mon freestyle. J’ai senti qu’il y avait un peu d’engouement autour donc j’ai continué.
D’où te vient ton inspiration ? Est-ce que tu t’imprègnes des atmosphères des pays que tu traverses ?
J’écris quand je suis inspiré, notamment j’ai découvert que j’adorais écrire dans le bus. Souvent, je commence à écrire avant d’arriver dans le pays. Donc parfois, j’ai deux pays d’avance.
Une fois que j’ai la prod, qui est toujours mon point de départ, je choisi une des idées de rimes que j’ai inscrite dans mon téléphone. Et ensuite, je déroule avec les rimes. Je fonctionne toujours avec les rimes. Par exemple, quand j’étais au Nicaragua, la première rime que j’ai trouvée c’était : je vais passer l’hiver à la plage. (rire)
On était en décembre, en plein été au Nicaragua mais c’était l’hiver en France. Donc je voulais exprimer que j’étais loin de mes proches avec ce coté cool d’être toute l’année en été.
A chaque nouveau planète rap, tu mentionnes Fred Musa sur Instagram qui ne t’avait pas appelé à la sortie de ton album. Sauf qu’il a commencé à te suivre sur les réseaux cette semaine. Est-ce que ce « vrai Planète Rap » est une façon d'attirer son attention ou d'avoir sa validation ?
Il y a un peu des deux. A la base c’est pour la blague plus qu’autre chose (rire). Et après c’est resté même si j’avais un peu perdu espoir. Mais Fred Musa, ça doit être le plus sollicité par les gars comme moi qui font du rap et qui essayent de se faire connaître. Il a mis un like et ça me fait super plaisir, mais je sais bien qu’aujourd’hui il ne se souvient sûrement pas de moi.
Fred Musa nous a dit que pour réussir dans ce milieu il fallait, en plus d'avoir du talent, réinventer le rap. Qu'est-ce que tu penses de cette analyse ?
Je suis complètement d’accord mais je n’avais pas trop réalisé ça en sortant mon premier EP. Par exemple, les thèmes que je traitais pouvaient parler à tout le monde mais je ne pense pas qu’il y avait un message dedans.
En plus de faire de la bonne musique, je pense que c’est important d’apporter un point de vue différent. Et ce qui m’intéresserait beaucoup, ce serait de parler de valeurs actuelles, sans rentrer dans les clichés. Je ne veux pas hésiter à assumer mes sentiments. Je pense que c’est ce que les gens veulent entendre quand ils écoutent un artiste.
Quelle suite après l’Amérique ?
D’abord, je vais travailler dans l’architecture, parce que j’aime ça. Et on m’a beaucoup averti : « attention, il ne faut pas vouloir que percer ». Mais à coté de l’architecture, je vais continuer les projets de rap. J’apprends de plus en plus et ça grandit toujours.
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Rachel Ducept