The Smarty Adrien :
"Être une porte d’entrée pour tous ceux qui n’ont pas accroché à l’Histoire à l’école. "
La vingtaine passée, Adrien a décidé de partager des connaissances en culture générale sur les réseaux sociaux.
2 ans après, plus de 85.000 followers sur Instagram et plus d’un demi million sur Tik Tok se passionnent pour les vidéos courtes de “The Smarty Adrien”.
Un succès qui l’a conduit à écrire son premier livre, le premier de nombreux autres projets. Il revient pour MØNEO sur sa trajectoire, ses ambitions et passions.
Comment ça va ?
Un gros projet qui voit le jour alors je suis très fier. Je ne réalise pas pour l’instant. C’est presque un nouveau métier, je découvre de nouvelles choses, le monde des interviews en plateau… Plein de nouvelles expériences hyper enrichissantes, j’adore. Soulagement de pouvoir souffler après plusieurs mois de pression à écrire. Je commence à avoir des retours qui sont en plus très positifs pour l’instant. Ça me touche beaucoup d’avoir le retour des lecteur.ice.s et des abonné.e.s.
Est-ce que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Adrien, The Smarty Adrien, j’ai 23 ans. Ca fait maintenant deux ans que je fais des vidéos courtes de culture générale axées sur l’Histoire de France mais pas que, où je raconte des anecdotes que l’on n’a pas apprises à l’école. J’essaie de toucher à tout.
Tu partages cette passion sur les réseaux sociaux, à plus de 85k followers sur insta et plus de 550k sur Tik-Tok notamment. Est-ce que tu pensais que ça allait fonctionner autant ?
Je me suis lancé en 2021 sur Tik Tok car il n’y a avait pas de créateurs qui faisaient ce genre de vidéos. J’avais besoin de faire ce genre de vidéo, alors je me suis dit qu’il y avait une attente et que le mieux était de faire ces vidéos moi-même. Mais que ça marche aussi bien, aussi vite : non !
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D'où vient cette passion pour l'histoire et le partage d’histoire(s) ?
J’ai toujours aimé poser des questions, découvrir de nouvelles choses, faire des expositions. J’ai toujours baigné dedans grâce à mes parents. Assez naturellement, à mes 20 ans, j’ai eu ce besoin de repartager ce que j’ai reçu, sans aucune prétention. J’ai toujours eu un pied dans le milieu du montage et de la vidéo, l’association était évidente pour en faire un projet concret, sur les réseaux sociaux.
© The Smarty Adrien
Qu'est ce qui fait le charme de l'histoire selon toi ? Ou du moins comment tu la racontes.
Beaucoup de jeunes ne sont ou n’ont pas été intéressés par l’Histoire à l’école. Parce que c’est trop long, compliqué, pas assez « fun ». Du coup, j’essaie d’être une porte d’entrée pour tous ceux qui n’ont pas accroché à l’Histoire à l’école. Je veux leur proposer une approche différente, en leur racontant des petites anecdotes. Et après, libre à eux d’aller creuser, faire des recherches plus approfondies. Et même s’ils ne le font pas, ils auront au moins appris quelque chose dans leur journée. C’est important de connaître un minimum l’Histoire nationale comme internationale, récente ou non, pour savoir d’où l’on vient.
L'actualité nous montre qu'elle peut être utile aussi...
Complètement, je n’ai pas les connaissance nécessaires pour me risquer à en parler mais certains médias notamment ont produit des vidéos sur l’histoire du conflit israélo-palesitinien. On comprend le pourquoi du comment, que le problème est plus profond. C’est important, voire nécessaire, de se replonger dans le passé pour mieux comprendre le présent.
Est-ce que tu dirais que c’est un « travail d’intérêt public » alors ?
C’est peut-être présomptueux. Je ne suis pas médecin, infirmier, je ne suis pas essentiel mais je pense être utile pour mieux comprendre le présent. Et puis c’est peut-être mieux d’avoir une minute ou deux d’information, de stimulation par jour qu’une minute à scroller, se perdre sur les réseaux sociaux, sans aucun apport.
Est-ce que tu considères que c’est un travail ?
Oui car j’en vis, et cela occupe toutes mes journées, entre la tournée de promotion du livre, la production de contenu, etc. Je suis conscient que ce n’est pas un travail des plus difficiles et pénibles comme ceux de la santé. Mais je fais tout de A à Z, c’est beaucoup de travail et un travail enrichissant qui me passionne.
© The Smarty Adrien
Tu as décidé d'en écrire un livre, quel a été le processus pour en arriver là ?
L’idée n’est même pas venue de moi, mais d’une éditrice de Hugo Publishing. Elle regardait mes vidéos et mes FAQ sur Instagram, dans lesquelles un abonné m’avait demandé si je pensais à écrire un livre. Faisant mes vidéos dans ma chambre, ça paraissait fou, je n’avais même pas émis l’idée ! Et cette éditrice m’a contacté en me donnant carte blanche. Ça m’a paru comme une évidence de passer la barrière de la minute max de vidéo imposée par les plateformes, pour mieux creuser les histoires. C’est l’opportunité d’une vie.
Tu passes du virtuel au matériel, c’est aller contre la modernité non ?
C’est paradoxal car c’est ce qui me fait vivre mais je pense que les vidéos d’une minute ne sont pas l’avenir, en tout cas pas le mien. C’est très éphémère, je ne suis pas sûr que l’on retienne tout ce que l’on voit passer quand on scrolle toute la journée, moi le premier.
Pour rester dans le temps et être plus marquant, c’était important de revenir au papier.
C’est assez révélateur de la société dans laquelle on vit…
Faire ce livre, c’est aller vers de la durée. Je pense que l’on aura un problème, si on n’est pas déjà dedans, de l’éphémère et de ne rien retenir de ce que l’on voit…
Est-ce qu’avoir captivé les jeunes sur le web pourrait les inciter à te suivre et retourner vers les livres ?
Je ne pense pas avoir l’influence pour. Les personnes qui l’achètent sont vraisemblablement des consommateurs de livres, mais si je peux ramener ne serait-ce qu’une personne vers les livres en 2023, ce sera une mission réussie.
© The Smarty Adrien
Tu as axé cet ouvrage sur les fun-facts, pourquoi ce choix ?
Je voulais quelque chose de facile à lire, court, et large. Je commence de Clovis pour aller jusque Charlie Hebdo. Cela permet de toucher un maximum de gens, qui sont plus intéressés par telle ou telle période. Il y a 56 chapitres pour autant d’anecdotes. Je voulais un beau panorama varié de l’Histoire, pour que chacun choisisse ensuite les sujets qu’il voudrait creuser.
Est-ce qu’il y a une anecdote que tu préfères aux autres ?
Ma préférée serait celle sur Jean Moulin qui a héroïquement défendu les tirailleurs sénégalais dans une France en passe d’être occupée, alors qu’il n’en avait aucun intérêt. Son humanisme, sa sincérité, font de son histoire l’une des plus belles du livre.
Sinon, un personnage qui me marque c’est Saint-Exupéry à la même époque. Et puis il y a Napoléon, avec un règne absolument fascinant à étudier.
Quelle serait la suite idéale pour toi ?
Écrire un livre m’a permis de me rendre compte que c’était plus intéressant de plonger davantage dans les sujets que me le permettent les réels. J’aimerais aller vers YouTube, où je pourrais faire des formats plus longs, avec des vidéos plus creusées, où je pourrais rentrer dans la peau des personnages. La prochaine étape serait que cela fonctionne bien, avant peut-être un deuxième livre, ou d’autres projets, qui sait ?
Arthur PUYBERTIER