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Erwan Hiart : "Envie de montrer une Femme forte, dirigeante, charismatique."

Mettre en valeur les femmes, ces guerrières. Telle est l’ambition d’Erwan Hiart dans chacune de ses toiles.
Artiste à plein temps, le jeune homme de 27 ans parvient à vivre de sa passion pour la peinture.
Une peinture qu’il veut technique et engagée en faveur de la Femme, qui “n’est pas mise en valeur comme elle devrait l’être”, pour ses combats et forces permanents.

Erwan, j’ai 27 ans, je suis artiste peintre et ça fait 17 ans que je fais ça de manière professionnelle. Je définirais mon art comme de la peinture d’inspiration féminine, communautaire dans le bon sens du terme, et instinctif.


Tu es donc artiste peintre, ou du moins est-ce que tu te considères ainsi ?

Je suis pour décomplexer ce milieu là. Notre génération peut casser certains préjugés. Celui de l’artiste torturé par exemple. Tout peut être Art, du moment que l’auteur de cet art le qualifie ainsi.

Avant je trouvais que je dessinais, seulement. Pendant mon année d’étude à Shanghai, je dessinais sans cesse, et un jour je fais une peinture artistique à mes yeux, avec une âme, plus que un « ah ! tu as bien dessiné la personne ». C’est là que je me suis dit que je faisais de l’art.Cette peinture est coffrée chez ma mère, personne n’y a touché ! (rire) C’est « Vie nouvelle », une silhouette qui danse, tombe. Rien de très précis mais j’ai été touché sur le moment.

C'était une vocation ?

Je ne sais pas trop. Tout le monde dessinait quand on était petits, c’est juste que je n’ai pas arrêté ! (rire) J’ai toujours été bien chez moi, à dessiner par terre, à 6 comme à 15 ans.

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Quel rôle joue la peinture dans ta vie ?

La peinture me canalise beaucoup. Je suis grave sociable, j’aime être drôle, me faire remarquer. Je suis un hyperactif mais la peinture est le seul moment où je suis hyper calme, dans ma bulle.

Je n’attends rien de personne, je ne veux plus que l’on me remarque. C’est comme un moment de méditation. Avec les expos, la vente de mon art, je réussis de plus en plus à réunir l’homme de tous les jours et l’artiste.

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© Erwan Hiart

Au début j’étais gêné de parler de ma bulle, mais j’ai compris que je pouvais réunir les gens autour de mon travail.

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Est-ce qu’on t’a soutenu là-dedans ?

Les avis étaient divers. Ma mère m’a toujours soutenu. Elle m’a apporté l’amour de la culture sous toutes ses formes. Mon père, lui m’a apporté le côté scolaire et sport. Ça a été plus difficile avec lui. C’est mignon quand tu dessines quand tu est petit ; mais ça devient problématique quand ça prend trop de place au collège/lycée. Il ne croyait pas trop que ça pouvait devenir mon travail.

Il a fallu prouver, à tout le monde en fait. La « norme » n’est pas toujours encourageante quand on veut devenir artiste.Mais dès lors qu’il y a eu des petits signes, il a compris qu’il y avait quelque chose : les premières expos vers 17-18 ans ; et les premières payes.

Tu définissais ton art comme « féminin » ; qu’entends-tu par là ?

Féminin car les femmes ont été ce qui m’inspirait le plus à un moment donné. La Femme n’était pas mise en valeur comme je le voulais, dans les références que j’avais et dans ce que je voyais au quotidien. Ce n’était pas un combat, mais une envie de montrer une Femme forte, dirigeante, charismatique. Néfertiti, ou Frida Kahlo dans l’art, sont des figures qui m’inspirent.

Les visiteurs des expos me disent souvent penser que l’artiste à l’origine des toiles était UNE artiste, pour la sensibilité, la manière de mettre en valeur les femmes. C’est sûrement féministe mais je ne le revendique pas, la peinture parle pour moi, montre mes valeurs. Je me sens plus léger sans cette étiquette.

© Erwan Hiart

Et « positivement communautaire » alors ?

D’un côté il y a mes influences. La culture hip-hop, afro-américaine m’a beaucoup bercé. De l’autre côté il y a mes origines : nord-africaines, algériennes ; qui s’étendent plus largement jusqu’à l’Égypte. Aujourd’hui je mets beaucoup en avant la culture africaine, arabe, qui est un peu reliée à l’image de la femme dirigeante, bien au-delà du foyer comme on en a souvent l’image.


Est-ce que tu as des modèles dans la peinture, et des modèles de réussite ?

Des personnes m’inspirent mais je ne veux pas faire comme eux. J’avais pris une patate en lisant Malcolm X. Le côté spirituel, le combat… L’idée de combat m’inspire beaucoup. Chacun a son histoire, la défend.

Néfertiti est sûrement un personnage que l’on a créé de toute pièce, mais elle représente beaucoup symboliquement. La Femme, dirigeante, africaine.

© Erwan Hiart

Tu as essayé d'intégrer des écoles d'art ?

(rire) Pas du tout ! Ma mère m’a inscrit à la poterie, à des cours de dessin. On me disait de dessiner comme ci, comme ça… et ça me soûlait ! Pour moi l’art n’est pas une science exacte, où il y a des codes exacts à apprendre pour avoir un résultat. Ce n’est pas de la médecine ! Les écoles d’art créent quelque chose de très uniforme avec de moins en moins d’identité. Il n’y a pas besoin de cours pour savoir s’exprimer. L’art est instinctif, on cherche, expérimente, échoue.

Je peins avec les doigts, parce que je n’y arrivais pas avec les pinceaux ! En école, on m’aurait collé le pinceau à la main, et je n’aurai pas réussi à m’exprimer pleinement en peignant.

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Est-ce que tu parviens à en vivre ?

Ça devient régulier. Ça doit faire 4 ans. 70 % de mon chiffre vient de particuliers, de commande ; et 30-40 % avec des entreprises : des covers pour Warner Music, une collaboration avec Nike, Citadium, Adidas. Il y a de tout. Je dois vendre minimum 2 projets par moi ; et à l’approche de Noël ça passera à 2 par semaine ! Le but maintenant est d’être toujours plus créatif.

 

Avec cette cadence, tu parviens toujours à être « artistique » ?

C’est exactement ça. Quand je fais des commandes personnalisées, ce n’est pas forcément artistique. Mais les gens font appel à moi pour ma patte, donc ça reste artistique. Le but à terme serait de juste faire mes toiles, ça arrive de plus en plus mais je ne peux pas me le permettre pour l’instant. Ce ne serait pas intelligent de ma part d’un point de vue business. Mais ce n’est pas le même plaisir. Je suis plus dans le travail que dans la création.

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Arthur Puybertier 

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