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Sarah El Haïry:
"Il faut donner le goût de la démocratie à nos jeunes."

Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, Sarah El Haïry a accordé un entretien à NEO. Elle revient sur son engagement pour la jeunesse, l'égalité et la démocratie. 

Quelle analyse faites-vous de l’abstention chez les jeunes et comment la résorber selon vous ?

Les jeunes votent peu, c’est une réalité. J’entends souvent dire que c’est parce que les jeunes ne sont pas politisés ou qu’ils ne sont pas engagés. Depuis que j’ai pris ma fonction comme secrétaire d’Etat, je me bats contre cette idée. Aujourd’hui, un jeune sur deux est impliqué dans la vie associative. C’est la tranche d’âge la plus engagée !

Comment expliquer cet abstentionnisme ?

C’est un phénomène qui touche l’ensemble de la société française. Aux dernières élections législatives, plus d’un Français sur deux n’est pas allé voter. Chez les jeunes, cette abstention cache un rejet des outils démocratiques traditionnels. Les jeunes veulent un changement de méthode, et c’est à nous de trouver de nouveaux moyens pour les intéresser, leur parler, les consulter.

Il faut donner le goût de la démocratie à nos jeunes. Comment ?  A travers les cours d’Enseignement Moral et Civique, mais aussi grâce des initiatives locales, comme les conseils municipaux de la jeunesse. Avec le gouvernement, nous mettons un point d’honneur à les inclure à nos processus de décision. La Première Ministre a lancé à Matignon le Conseil National de la Refondation dédié à la jeunesse dont elle vient de livrer les conclusions. Pour enrichir celles-ci et rencontrer des jeunes, j’ai effectué une série de déplacements dans toute la France dans le cadre de la tournée « Tes priorités ta voix ».  

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© Stephane Lemouton

Vous encouragez les jeunes femmes à s’orienter vers le secteur du numérique. Pourquoi le lancement d’un programme de mentorat pour les jeunes filles vous tient-il à cœur ?

Le numérique est un secteur d’avenir. La tech ne sera pas inclusive, durable et profondément innovante si elle exclut 50% de la population. Je suis très heureuse d’avoir lancé un programme de mentorat pour les jeunes filles qui veulent s’orienter vers ces professions. C’est un levier formidable d’égalité des chances : c’est le capital social de celles et ceux qui en manquent.

Pour vous, où en sommes-nous dans le combat nécessaire de l’égalité hommes/femmes ?

L’égalité femmes – hommes est une priorité du Président de la République depuis 2017. Depuis plus de cinq ans, le gouvernement s’est engagé contre les violences faites aux femmes. Nous avons organisé le premier Grenelle des violences conjugales, qui a conduit à des mesures concrètes : augmentation de 80 % de la capacité d’accueil pour les femmes victimes de violences, déploiement des téléphones « grave danger » et des bracelets anti-rapprochement, formation des policiers et gendarmes pour mieux accueillir et accompagner les victimes…

Nous avons aussi renforcé notre arsenal juridique : infractions pour harcèlement de rue ou cyber-harcèlement, allongement du délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur mineurs, ou encore création du délit d’outrage sexiste et sexuel.

Ce gouvernement est aussi à l’origine de grandes avancées sociales : la PMA ouverte à l’ensemble des femmes, les pères peuvent profiter d’un congé paternité de 28 jours…

L’égalité femmes-hommes passe par un principe simple : à travail égal, salaire égal. Pour amener les entreprises à corriger les inégalités, nous avons mis en place l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, qu’elles doivent calculer et publier chaque année. Un index trop bas [les] exposent à des sanctions financières].

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© Twitter

Vous cultivez l’importance de la différence tout en soulignant l’importance d’un patriotisme commun. Que peut apporter le SNU à la jeunesse ?

Je suis convaincue que c’est la différence des histoires et des parcours qui créent la force de la nation française.

« Faire nation » avec et au-delà de nos différences, c’est ce que les jeunes apprennent pendant la première phase du SNU, qui est le séjour de cohésion. Pendant 12 jours, ils partagent des expériences très fortes avec des jeunes issus de territoires et de milieux différents. Ils sont la preuve que le vivre ensemble est possible et une véritable richesse.

Le SNU permet aussi aux jeunes de découvrir l’importance de l’engagement, sous toutes ses formes : le service civique, les jeunes sapeurs-pompiers, les cadets de la gendarmerie, l’engagement associatif… A travers un Forum de l’Engagement, ils rencontrent différentes organisations et corps de métiers, qui vont parfois leur donner envie de s’engager sur le plus long terme et trouver leur vocation.  

Le SNU donne également des outils et des clés de compréhension du monde, pour en faire des citoyens acteurs de leur quotidien et capables de faire face aux défis futurs. Ils apprennent à gérer un budget, à réagir en cas de catastrophe naturelle ou encore sont sensibilisés à la prévention du cyber harcèlement. C’est utile à tout point de vue !

Rachel Ducept

Photo Une : La Tribune

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