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Yoann Cabioc'h :
"I
mportant pour moi de contribuer à l’évolution du sport féminin."

A 35 ans, Yoann Cabioc’h a déjà quasiment tout gagné. 
Le coach devenu assistant est champion WNBA avec le Chicago Sky et champion de France avec l’ASVEL féminin. Mais cela ne suffit pas pour celui qui a débuté en 7e division ! Coach Cabioc’h veut reprendre du service !
Il raconte pour MØNEO son parcours, ses très grandes ambitions, et sa bataille pour promouvoir le sport féminin.

Comment ça va coach ?

On est en plein cœur de la saison : entre l’Euroleague, la LFB… Il y a aussi mon bébé arrivé il y a moins d’un an, alors c’est aussi chargé à la maison (sourire). Je n’ai pas du tout eu de vacances l’été dernier avec la WNBA à Chicago, mais ça va on tient le coup ! Heureusement que c’est du basket : c’est ma passion alors ça ne peut qu’aller !

 

Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Je suis Yoann Cabioc'h, 35 ans, breton né à Rennes. J’ai commencé à entraîner à 18 ans sur des catégories jeunes et à 20 ans j’ai pris des seniors filles en régional (7e division). Avec mes équipes respectives, on est monté jusqu’en 2e division ! J’ai changé d’équipes pour ça : je suis passé par Pacé, Trégueux, Le Poinconnet, La Glacerie, puis l’ASVEL pour finir, où je suis actuellement, en tant qu’assistant coach pour la première fois.

Depuis cinq saisons je suis aussi assistant coach à Chicago en WNBA. Le coach James Wade m’a recruté. À côté de ça je fais aussi des formations à l’analyse vidéo, dans les universités et auprès de la fédération.

 

Et ton caractère ?

Je suis déterminé car je viens de tout en bas ! On ne m’a jamais rien donné. Mais à force d’énormément de travail et de détermination j’ai pu devenir champion WNBA et champion de France !

J’acquiers toujours plus de sagesse avec le temps, et d’humilité avec les défaites. On n’est jamais tout seul et on ne gagne jamais tout seul.

Et sinon, je suis un mec cool ! Quand on travaille il faut que ce soit intense mais dans la bonne ambiance ! J’aime rigoler, mettre l’ambiance, que les gens se sentent bien quand on se retrouve.

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© Yoann Cabioc'h

Comment en es-tu venu à coacher ?

J’ai toujours su que je voulais coacher, depuis le lycée. J’ai joué en Nationale 3 mais j’ai arrêté vers 23 ans. Pourquoi le coaching ? Pour le côté décisionnel, prendre des décisions stratégiques sur une équipe. Il y a aussi le côté fédérateur, leader. J’ai toujours été un leader mais je me suis formé pour progresser. J’ai appris les mécanismes de relations humaines, les leviers de motivation…

 

Est-ce que coacher des équipes féminines a été un choix, ou un concours de circonstances ?

J’ai coaché des garçons pendant deux ans quand j’avais 19-20 ans. Mais coacher des filles a été une opportunité à l’époque, et je suis très vite monté dans les divisions nationales et en WNBA en tant que coach d’équipes féminines. La question ne s’est jamais posée.

Au fil des années je me suis rendu compte que le sport féminin n’est pas assez valorisé ni médiatisé. C’est important pour moi de contribuer à l’évolution du sport féminin.

 

Est-ce que justement tu as pu voir des évolutions à ce sujet ?

Oui : il y a plus de diffusions de basket féminin à la télé, les joueuses sont davantage médiatisées même dans des médias généralistes. Les joueuses françaises s’exportent de plus en plus en WNBA, les clubs français se professionnalisent : les choses se développent. Ça évolue. Pas assez vite mais ça évolue.

 

Est-ce qu’il n’y a pas un peu de mauvaise foi chez ceux qui dénigrent et critiquent le basket féminin ?

Ce sont des perceptions… Il y a deux raisons principales à cela.

D’abord la méconnaissance. Bien souvent on n’aime pas ce que l’on connaît pas. C’est très français. Beaucoup ne sont jamais allés voir un match de basket féminin de haut niveau mais disent qu’ils n’aiment pas par principe… Ce sont des ignares, des ignorants.

Et puis il y a les machos : ceux qui pensent que ce que fait un homme sera toujours mieux qu’une femme. Et ça c’est dans l’éducation (rire), il y a de pistes plus profondes à aller chercher dans l’enfance de chacun !

© Yoann Cabioc'h

Tu exerces à la fois en France et aux États-Unis car les saisons en décalé le permettent. Mais comment t’es-tu fait approcher pour ces deux projets ?

Je sortais d’une saison compliquée extrasportivement en Ligue 2 féminine. Pierre Vincent, coach de l’ASVEL à l’époque, me propose de venir à Noël en tant qu’assistant. J’avais envie d’une pause mentale après 13 ans de coaching alors j’ai dit oui. Mais Pierre a été coupé et je n’ai pas pu travailler avec lui.

Pour Chicago, en décembre 2018, James Wade me contacte pour se voir car on se trouve dans la même petite ville en Bretagne ! Il me propose de devenir assistant vidéo avec mon œil de coach. Forcément ça me botte tout de suite ! J’ai commencé avec un rôle minime qui n’a cessé de grandir année après année. Je suis devenu le premier entraîneur français sur un banc de basket américain.

 

Est-ce que tu pensais atteindre un jour la WNBA ?

Non pas du tout, ça semblait inaccessible puisqu’il n’y avait jamais eu de précédents en France. Mais ça m’a appris que la vie est faite pour ceux qui sont ouverts aux opportunités, qui se créent des opportunités, et qui saisissent des opportunités. Il y en a tous les jours, il faut juste les voir et les créer en bossant.

 

Qu’est-ce qui change entre exercer en France et exercer aux États-Unis ?

La culture ! Le basket aux USA est une religion, en France c’est un loisir. Tout est plus important dans une religion. Le moindre détail tactique, financier, tout est démultiplié.

Il y a aussi la vitesse et la qualité athlétique. En WNBA il y a les meilleures joueuses du monde et les Américains sont plus athlétiques de manière générale. Il faut s’adapter à cette vitesse de jeu.

© Yoann Cabioc'h

Tu as déjà pu coacher beaucoup de grandes joueuses. Laquelle t’a le plus marqué ?

J’ai eu la chance de travailler avec une légende : Candace Parker. Forcément ça marque ! J’ai gagné un titre avec elle. Ce qui m’a marqué chez elle, c’est son éthique de travail. Elle porte attention à chaque détail, et puis elle a une connaissance du jeu fantastique, vraiment ! Elle anticipe et comprend tout avant les autres.

Et puis elle est classe, élégante. C’est LA star mais elle fait les choses pour les autres. Par exemple elle m’a offert 4 paires de baskets et des ensembles de son sponsor Adidas, des écouteurs… Elle pense vraiment aux autres.

Toute ma vie je pourrais me vanter d’avoir collaboré avec Candace Parker.

Mais il y en a d’autres. Comment ne pas citer Emma Meesseman, Courtney Vandersloot, Gabby Williams, Marine Johannès… Des joueuses aux qualités hors norme, avec une éthique de travail supérieure à la moyenne.

 

De quoi rêve-t-on après une carrière déjà très riche si jeune ?

J’ai encore plein de rêves ! J’ai encore 30 ans de carrière à peu près. Un de mes rêves est de coacher l’Équipe de France. Mais ça se construit, on ne va pas me la donner du jour au lendemain. En club, je veux gagner l'Euroleague.

 

Penses-tu justement que cette année peut être la bonne pour l’ASVEL en Euroleague ?

C’est compliqué en Europe cette année, on n’est pas assuré de sortir des poules mais pour les championnats de France et la Coupe de France tout reste possible ! On veut gagner les deux, clairement ! Et c’est faisable !

 

La suite pour toi c’est quoi ?

Pour l’équipe essayer de gagner championnat et Coupe, et pour moi finir la saison.

Je suis toujours ouvert à la WNBA mais avec les calendriers qui se chevauchent il faudrait une offre vraiment très intéressante pour que j’y retourner. Ma priorité reste de coacher, même à l’étranger.

Je pense vraiment avoir une identité, renforcée par ces 4 saisons d’affilée entre ASVEL et WNBA, des recherches, de la curiosité… Maintenant, je veux remettre mon identité en application sur les terrains !

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Arthur PUYBERTIER

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