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Fred Musa :
"Le rap n'est pas prêt de mourir"

A même pas 50 ans, Fred Musa compte déjà 31 ans de radio, toujours dans la même maison : Skyrock.

 

Une maison qu'il ouvre à toustes depuis 28 ans lors du "Planète Rap". Une heure quotidienne pendant laquelle l'animateur accueille artistes confirmé.e.s comme en devenir.

Qu’est-ce qui vous a amené à la radio en tant qu’animateur ?

La passion. Quand j’ai grandi dans les années 80, il n’y avait ni portable ni ordinateur, mais qu’un poste de radio généralement. Donc quand les parents regardaient un programme qui ne m’intéressait pas, je me réfugiais dans ma chambre pour écouter de la musique et la radio avec un walkman que j’avais. Écouter les radios est devenu une passion, j’ai voulu en faire mon métier.

Le média en lui-même m’a beaucoup touché, et sa portée extraordinaire aussi.

Est-ce que le fait d’accueillir des artistes ne vous a pas tenté de vous lancer dans une carrière d’artiste ?

Oula (rire). Je ne peux pas dire le contraire, petit je rêvais de faire des scènes devant des milliers de gens, mais il faut être conscient de là où tu peux aller dans la vie. J’ai pas le rythme, pas le talent, pas la voix pour ça. Je me suis contenté de faire au mieux ma passion.

 

Vous animez Planète Rap depuis 1996, qu’est-ce qui fait que le succès de l’émission perdure dans le temps ?

Les artistes déjà, qui se renouvellent, donnent beaucoup et sont présents pour l’émission. C’est peut-être mon égo qui parle, mais j’ai envie de dire que je fais peut-être bien mon boulot et que je présente bien l’émission (sourire).​

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© Léa Crespi / Télérama

Est-ce que vous avez toujours la flamme des débuts ?

Beaucoup me demandent si j’en n’ai pas marre ; mais comment pourrais-je me lasser de ma passion ? 30 ans après je vis toujours de ma passion, je n’ai pas la flamme mais un volcan entier en moi !

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L’émission de rêve ce serait avec qui ? Et où ?

J’ai interviewé beaucoup d’artistes, français, internationaux, mais il y en a deux que je ne pourrai jamais interviewer c’est Tupac et Notorious Big…

Maintenant j’aime énormément notre époque, avec en France des Damso, Orelsan par exemple. Aujourd’hui mes artistes préférés sont clairement du côté français.

Qu’est-ce qui selon vous permet à certains qui ont percé dans la musique de perdurer dans le temps ?

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C’est bête mais il faut « simplement » du talent pour s’installer. Il y a ceux qui font des choses très bien qui vont durer un temps mais qui n’ont pas le talent pour se renouveler. Je citais tout à l’heure Orelsan qui est là depuis de nombreuses années. Il a connu les tréfonds mais a eu la force et le talent de se renouveler, et maintenant il est installé tout en haut.

On peut avoir un succès ou fonctionner quelques années avant de disparaître, c’est peut-être la suite logique des choses.

 

Beaucoup disent que le rap d’aujourd’hui est moins bien que celui d’il y a 10 ans ; qu’est-ce que vous pensez de l’évolution du rap depuis 10-20-30 ans ?

j’en peux plus d’entendre « c’était mieux avant ». Ce côté nostalgique j’en peux plus. Je trouve qu’aujourd’hui la scène n’a jamais été aussi large, tu peux te reconnaître dans plein d’artistes. Il n’y jamais eu autant d’artistes qui renouvellent le genre.

Je n’en peux plus, pas que pour le rap. Je n’en peux plus de ce côté réac, très français. On est des enfants gâtés. Non, il y a des choses qui n’étaient pas mieux avant.

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© Léa Crespi / Télérama

Est-ce qu’aujourd’hui il y a un artiste peu connu pour le moment qui a l’étoffe de monter et devenir le nouveau phénomène selon vous ?

Si je devais te donner un nom, ce serait celui d’une femme : Doria. Elle n’a pas encore les morceaux qui vont la faire exploser et la faire connaître au grand public mais elle a ce petit truc en plus. Il y a de place pour tout le monde, si tu sais renouveler le genre. En tout cas, le rap n’est pas près de mourir, ni de dormir.

 

Est-ce que la radio aura toujours autant d’importance si ce n’est plus ?

Avec les plateformes de streaming on dit « la radio est morte » mais on voit bien qu’une musique diffusée à la radio va augmenter en durée d’écoute sur ces plateformes. La radio est toujours présente et prescriptrice. Je pense qu’elle sera toujours présente si elle sait se renouveler. C’est ce qu’on a fait avec Planète Rap en le développant pas mal sur le digital.

 

Et vous quand vous rendez le micro, vous ne le rendez pas vraiment puisque vous vous engagez avec des ateliers radio. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce projet ?

Une fois par an, pendant 10 semaines, je fais des ateliers radio avec des détenus pour susciter des vocations. Alors, oui tu as fait une connerie, et tu payes pour ça. Mais je pense que tu as le droit à une seconde chance.

A un moment, ils vont sortir de prison et je n’ai pas envie qu’ils reviennent encore plus agressifs dans notre société. Je ne vais pas changer la détention mais j’essaye modestement d’apporter une goutte d’eau dans l’océan.

 

Vous vous tournez aussi vers l’audiovisuel, est-ce que vous avez des projets, ambitions nouvelles ?

Je travaille sur une série. La seule chose que je peux dire c’est qu’elle ne parle pas de rap. J’espère qu’elle verra le jour pour 2024.

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Arthur Puybertier

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