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Renaud Mauléon :
"Le freestyle football est un sport à part entière qui manque de crédibilité aux yeux du grand public."

Renaud Mauléon, champion de France de football freestyle en ligne "OFS" en 2019, partage sa passion sur les réseaux sociaux. Il a à cœur de démocratiser ce sport à part entière pour lui donner davantage de visibilité et inspirer les plus jeunes.

Il revient pour MØNEO sur son parcours et ses futurs projets.

Je m'appelle Renaud Mauléon, je suis freestyler pro et aussi créateur de contenu sur les réseaux sociaux en parallèle. J'ai été champion de France en ligne sur Internet en 2019.

 

Comment tu en es arrivé là, à devenir freestyler pro ?

Mon meilleur pote faisait du freestyle. Il s'était inspiré de Sean Garnier ou Az Freestyle, des youtubeurs qui faisaient du freestyle football. En 2016, j'ai commencé avec mes deux meilleurs potes. On a rencontré par la suite une team SWF de Bordeaux. En 2020, je me suis lancé sur les réseaux sociaux pendant la COVID, parce que je me suis dit que le freestyle football n'était pas assez médiatisé. J'ai voulu le mettre en avant à ma sauce, en faisant des tutos suivant ma vie de freestyler pro. Aujourd'hui, j'arrive à vivre de ma passion et à combiner prestations, spectacles et création de contenu.

 

Est-ce que le football freestyle, pour toi, c'est une discipline qui commence à se démocratiser ?

On va dire qu'il y a eu une grosse ascension en 2016 et aujourd'hui, plutôt une stagnation dans le freestyle. Je crois qu'on doit être entre 100 et 150, parce qu'il n'y a pas vraiment de fédération en France, il y a une association de freestyle football. J'espère contribuer au développement du freestyle football, qui est un sport à part entière. Ce n'est pas du football, à ne pas confondre avec Neymar.

Ceci, tout en faisant des vues, parce qu'il faut quand même faire des vues pour démocratiser ce sport. Aujourd'hui, j'espère que je commence à y arriver. En tout cas, je vois les 10-12 ans s'y mettre et ça fait super plaisir !

 

Justement, tu disais, il ne faut pas confondre, mais est-ce qu'un bon footballeur peut être un bon freestyler et inversement ?

Non, je pense que ça aide forcément d'être footballeur. Ça aide pour les bases, en tout cas le début. Mais par exemple, quand on compare souvent Neymar au freestyler, il ne fait même pas un vingtième de ce que font les meilleurs mondiaux en tout cas.

Tu expliquais que le football freestyle, est une discipline assez récente. Pourtant, sur tes réseaux, tu montres aussi dans les vidéos qu'il y a un peu des légendes déjà de ce sport. Qu'est-ce qui a mis du temps à faire connaître ce sport et pourquoi il est encore un peu méconnu aujourd'hui ?

Déjà, les légendes parce que ce sont des pionniers du foot freestyle. C'est eux qui ont posé les bases du freestyle football, les vrais piliers. Et ils ont permis de démocratiser, de populariser ce sport à part entière. Après, voilà, je trouve que le freestyle football n'est pas assez mis en avant parce que les gens ne comprennent pas vraiment ce que c'est, le format, quelles sont les compétitions... Et je pense que ça manque vraiment de crédibilité surtout aux yeux du grand public. Et j'espère que dans le futur ça se fera par la mise en avant de personnes et par le côté historique, comme j'essaie de faire dans mes dernières vidéos.

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© Renaud Mauléon

Est-ce que tu as un modèle parmi ces légendes ?

Alors, ce n'est pas vraiment une légende, mais pour moi, mon freestyler préféré est Griffin Berridge, qui a arrêté maintenant. C'était un Anglais que je suivais beaucoup dans mes débuts de freestyle et encore aujourd’hui. Mais quelqu'un que j'adore, pour moi c'est le goat du freestyle, c'est Erlend Fagerli, qui est dix fois champion du monde, notamment. Et que, je suis obligé de l'admirer, parce qu’il fait des trucs hors du commun, il est vraiment à des années-lumière de chaque freestyler,

 

Tu te définis aussi comme artiste. Est-ce que c'est une discipline qui penche plus du côté du sport ou du côté artistique ?

C'est un peu des deux. Justement, je trouve que c'est ça qui est beau dans le freestyle : c'est un sport mais c'est aussi artistique. Ça dépend de ce que tu veux faire avec ton ballon, mais la plupart rendent leur freestyle plus artistique. Et c'est ce qui est beau dans le freestyle : c'est sportif, donc tu peux te dépenser ton énergie, mais c’est en même temps artistique, donc il faut être élégant. C'est un peu un mélange de breakdance, de danse contemporaine aussi et de gym, parce que t'as des gestes où il faut être ample, avoir de la souplesse, de l'élasticité dans ses muscles et de l'endurance, parce qu'il y a beaucoup de cardio dans ce sport.

Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment se passe un championnat ?

Il y a deux types de championnats : les championnats du monde ouverts et les championnats du monde fermés, par sélection. Ils sélectionnent la meilleure personne de chaque pays ou continent, pour en faire les championnats du monde au Kenya, à Nairobi, qui sont organisés par la WFFA, l'association mondiale du freestyle football.

Dans tous les championnats du monde ouverts, comme au Super Bowl, les phases de qualifications sont sous formes de battles par groupe : il y a des poules de 4 personnes, où les 2 premiers passent. Par battles tu as 3 fois 30 secondes pour t'exprimer. Et ensuite on passe dans la phase éliminatoire, où il y a une battle en 1 contre 1.

Après, on ne sait pas vraiment les critères de jugement, chacun a son propre style, chacun a ses propres valeurs dans le freestyle. Les jurés vont souvent noter sur la difficulté des gestes, le flow que tu mets dans tes mouvements, et la créativité aussi, parce que forcément il y a des gens qui innovent même si c'est beaucoup plus compliqué maintenant car plein de gestes qui ont été faits.

Comment as-tu vécu cette compétition, et pourquoi un tel objectif de ce top 100 ?

Alors, je n'avais pas vraiment d'objectif avant d'arriver en 2023 en tout cas, parce que je les avais faits en 2019 et j'avais arrêté de m'entraîner dans l'espoir de progresser depuis 3 ans, et je me suis dit : « je vais aller au championnat du monde juste pour couvrir l'événement et essayer de m'éclater avec mes potes. » Et il se trouve qu’en août, au Superbowl, je me suis pris par passion en retrouvant tous ces freestylers, parce que ça faisait quand même longtemps que j'avais perdu la flamme… Je me suis dit : « est-ce que je vais pouvoir passer le premier tour ? », parce que si tu passes le premier tour, t'es top 100 mondial. Je suis monté sur scène sans aucun espoir, sans pression. Je n'ai fait quasiment aucune erreur, ce qui fait que je suis passé deuxième tour. J'ai fini 87ème. C'était très symbolique pour moi ce top 100, parce que ça m'a fait retrouver cette passion que j'avais au début.

Ça fait 6 mois je m'entraîne, parce que je veux vraiment faire plus que 87ème maintenant, et me dévouer beaucoup plus à cette discipline, donc c'est plus un symbole de renouveau dans mon entraînement et dans ma suite dans le freestyle football, ce top 100.

© Renaud Mauléon

Comment se passe un entraînement de football freestyle ?

Avec les plus jeunes, j'essaye d’enseigner les gestes qu’ils peuvent apprendre dans une session, donc on va dire que je fais les gestes de base, qui peuvent leur plaire, en tout cas de ce que je renvoie, je sais que ça leur plaît, et que ça leur procure une émotion, sur le moment. Par exemple, je vais donner des noms à des gestes, comme « le saut de crapaud », « le blocage du poulet. » ça va les faire marrer, ils vont apprendre un geste en 30 secondes, et pourtant, c'est un geste impressionnant pour les autres. Donc je leur apprends les bases pour qu'ensuite ça leur donne envie de continuer.

 

Et ce n'est pas trop dur de trouver les mots pour enseigner des gestes que toi, tu as appris en autodidacte ?

Justement, parce que j'ai des personnes sur qui je me suis appuyé avant, qui m'ont enseigné un peu le freestyle, comment faire tel geste, comment l'expliquer sur celui-là, je renvoie cet appareil, bien sûr, en mettant un peu à ma sauce.

 

Quels sont tes futurs projets ?

Mes futurs projets, c'est vraiment de combiner à fond le freestyle et ma passion des réseaux aussi, par des vidéos YouTube, en me suivant dès la rentrée, dans toutes les compétitions que je vais faire, en suivant mes préparations, mes compétitions, et toujours en s'entraînant le plus dur possible. Au niveau compétition, mon objectif, c'est de faire un top 50 au championnat du monde et un top 8 au championnat de France, ce qui serait pour moi une nouvelle avancée, parce que ça fait 3 fois que je suis top 10.

Au niveau vidéos YouTube, j'espère vraiment démocratiser ce sport à fond et le mettre en valeur par mes vidéos YouTube, en suivant mon aventure, et me créer une vraie communauté sur les réseaux sociaux que je serais fier d'avoir accomplie.

 

Et justement, aujourd'hui, c'est toi qui gères tout au niveau réseaux sociaux ?

Il y a deux mois, j'ai pris un stagiaire avec moi, c'est mon pote qui est dans mon école aussi. Il m'aide un peu dans tout ça, mais avant, c’était moi qui gérais tout donc ça prend assez de temps, parce que je fais aussi des études STAPS en parallèle. Mais je vais faire une année sabbatique pour pouvoir tout pouvoir tout gérer et être le plus présent possible pour l’année à venir.

Rachel DUCEPT

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