Vince United :
"Je perdrais du plaisir si ça devenait mon métier."
Juriste dans la vie, Vincent Marie est passionné de sport, notamment de football. Il partage cela avec des milliers d’internautes sur sa chaîne YouTube, et sur ses différents réseaux sociaux.
Fan inconditionnel de Manchester United malgré les vagues, il revient pour MØNEO sur son parcours, les récents événements en France par rapport aux hooligans anglais, et parle de sa passion, dont il ne veut surtout pas faire son métier.
Peux-tu te présenter, présenter ton activité ?
Moi c’est Vincent Marie, j’ai 29 ans, je suis originaire de Caen, un bon produit normand. Je suis juriste en droit des affaires. À côté de ça, je suis fan de sport et j’ai créé une chaîne YouTube il y a 1 an et demi sur laquelle je parle, mais aussi discute et débats sur l’actu sportive. J’arrive bien à associer mon activité principale et ce petit à-côté.
Qu’est-ce qui t’a amené à YouTube en tant que créateur de contenu ?
En premier lieu, l’intention de donner une certaine vision des choses, de certains événements, certaines dynamiques sportives. Donner mon regard qui est celui de quelqu’un qui suit au plus près que je peux le foot depuis mon plus jeune âge.
Initialement je ne savais pas si ça allait intéresser des gens. Au final il y a pas mal d’interactions ! Que ce soit sur les vidéos ou sur Instagram, X… Les gens qui ont une passion commune se sentent concernés, c’est vraiment très chouette !
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Tu partages ta passion autour du foot, ne craignais-tu pas de faire doublon au début ?
Je n’avais pas peur de faire doublon. Je ne pensais même pas à avoir de la visibilité au début. Je faisais ça pour moi. Je voulais exprimer ce que je pense. Si cela pouvait toucher des gens, des oreilles attentives : tant mieux ; sinon tant pis, j’aurais exprimé ce que je voulais exprimer. C’est compliqué de se démarquer aujourd’hui, mais ce n’était pas mon but.
J’ai réussi à fédérer à une petite échelle, et c’est vraiment encourageant pour continuer ! Ça permet de prendre le pouls chez ceux qui me suivent, voir s’il y a certains sujets à aborder…
© Vince United
Tu te spécialises toutefois sur Manchester United, Qu’est-ce qui t’a amené et te plaît chez les Red Devils ?
C’est venu par la force des choses. C’est le club dont j’ai été, et suis, fan.
À force d’observation et d’interaction avec d’autres créateurs, on se fait un réseau et on se rend compte que beaucoup sont nichés. Et toucher une niche, c’est un début inévitable si on veut une audience significative. Je voulais parler foot anglais, mais ce qui touche le plus est ce qui nous passionne. Donc je parle en majorité de Manchester United.
J’étais totalement fan de Cristiano Ronaldo quand il a explosé lors de la Coupe du Monde 2006. Je regardais toutes ses compils, tous ses matchs avec Manchester United. Et si l’on veut que notre joueur préféré gagne les plus gros titres, il faut que son équipe ait des bons résultats. Je me suis mis à suivre puis supporter l’équipe. Puis je me suis attaché à d’autres joueurs et donc au club en lui-même.
Le départ de Ronaldo au Real Madrid ne m’a pas fait abandonner le club. J’aimais ce club, par son coach emblématique, Sir Alex Ferguson ; son stade au charme fantastique, son maillot… Et avec l’histoire en prime, tu es fier d’appartenir à cette fan-base.
La période dorée du club est un peu en stand-by, comment juges-tu la situation actuelle ?
Pas très enviable. Stand-by est le bon mot effectivement. Il y a un statu-quo dans les résultats. Ça fait 7-8 ans que l’équipe n’est plus amenée à jouer les premiers rôles en championnat. Il y a trop d’écart avec City ou Arsenal, et il n’est pas près de se réduire de sitôt.
Certains joueurs ne sont pas satisfaits du coach et ne répondent pas aux attentes. Les changements de direction, de propriétaire, pourraient amorcer la nouvelle orientation et dynamique du club que le nouveau coach insuffle.
Le club est entaché par des affaires extrasportives. Est-ce que cela t’a dégoûté du club ?
Pas du tout. Les joueurs sont la vitrine du club mais ne sont pas le club. Le club a suivi la mouvance sociale majoritaire : il n’en sort pas entaché. L’image des clubs est plus entachée par les magouilles, les transferts frauduleux ; que des histoires de joueurs sur lesquelles ils n’ont pas de prise.
D’autant que certaines accusations ne seraient pas si claires, des charges auraient été portées puis retirées car des plaignants ont avoué avoir menti… Cela pourrait donner un non-lieu.
Ça fait 10 ans que j’en chie, je vais pas lâcher maintenant.
© Vince United
Où places-tu certains des joueurs actuels dans l’histoire du club ?
C’est un sujet qui fait beaucoup parler la communauté. Beaucoup pensent que l’effectif est constitué de joueurs qui n’ont pas le niveau et n’ont rien à faire là. Je ne suis pas de cet avis. On a les joueurs que l’on mérite.
Un joueur comme Bruno Fernandes, selon son évolution, peut faire partie des meilleurs milieux offensifs de l’histoire du club. La recrue Rasmus Hojlund montre des aptitudes très mûres, rares et précoces. S’il s’inscrit dans la durée et la réussite du club, il pourrait faire partie du top 10 des meilleurs attaquants de Manchester United.
C’est là où on voit le déséquilibre de l’effectif, car certains joueurs ne sont pas du tout dans cette discussion…
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Qui est le meilleur joueur de l’histoire de Manchester United selon toi ?
Le club est très ancien, et moi je n’ai que 29 ans, donc il est compliqué de juger. Avec les archives, on peut se faire un avis. On sait alors que le top 5 est sûrement composé de Bobby Charlton, George Best, Wayne Rooney, Paul Scholes, Ryan Giggs. Avec Cristiano Ronaldo, Nemanja Vidic, Roy Keane et Van der Sar dans le top 10.
Pas de Rio Ferdinand, que je trouve surcoté, mais c’est une question de sensibilité.
Suis-tu le foot français ?
J’ai l’habitude de regarder les résumés, les matchs. Mais j’apprécie beaucoup plus le foot français au niveau amateur.
J’aime bien regarder l’OM, mais l’extrasportif me dérange énormément. Ceux qui se font passer pour le public sont un vrai problème qui causent beaucoup de tort au club. Le mal est profond, et trop souvent minimisé…
© Vince United
L’Angleterre a connu avant nous le phénomène des hooligans et des violences autour des matchs, la situation est-elle comparable ?
Le problème n’est pas le même. Les hooligans parasitaient les stades mais ils étaient faciles à repérer. Et puis ils sont plus malléables, de par leur éducation à l’anglaise. Ils n’imposent pas la violence à ceux qui ne la veulent pas.
La différence entre les hooligans et ceux qui posent problème en France, c’est que ces gens ne sont pas vraiment des supporters, des fans de foot ; et qu’ils agissent même en dehors des stades. Ce sont des casseurs, là pour agresser des gens.
Les hooligans aiment le foot mais associent la bagarre à leur fanatisme. Il y a moins de savoir-être et de courtoisie en France, et ça déteint sur le sport. Il y a beaucoup de choses à faire…
Si on revient à ton activité, comment voudrais-tu faire évoluer ta chaîne ?
J’aimerais faire participer le public. Faire de micro-trottoirs, des interviews de joueurs professionnels, qui sont passés ou ont été pistés par Manchester United.
À côté de ça, pourquoi pas de nouveaux concepts comme reproduire des buts emblématiques du club en vidéo… mais ça demande des moyens et une sacrée organisation.
Est-ce que tu aimerais te professionnaliser dans cette activité ?
La perspective d’en faire mon métier est tellement loin dans mon esprit… Il y a tellement de monde dans ce milieu qu’il serait compliqué d’y évoluer par exemple.
C’est très bien si ça reste un à-côté, une occupation productive sur du temps libre. Je perdrais du plaisir si ça devenait mon métier. Il y a des objectifs de performance, de chiffres, et je ne veux pas me stresser avec ça.
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Arthur PUYBERTIER