Louan Schlicht :
"J'ai besoin de gagner quelque chose avec ce club."
Analyste vidéo au CF Montréal, Louan Schlicht compte déjà une expérience riche à 23 ans seulement.
Alsacien de naissance, ce Québécois de cœur n’attend plus qu’une chose : gagner avec le club qui lui fait confiance malgré son jeune âge !
Il revient avec MØNEO sur son parcours, l’évolution de la MLS ; et confie avec ardeur ses grandes et belles ambitions avec le club dont il est l’un des premiers supporters.
Est-ce que vous pourriez vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Je suis Louan Schlicht, analyste de la performance, chef du département analytique au CF Montréal. J'ai 23 ans, c'était ma première saison comme analyste en chef, ma deuxième au club. Je suis amoureux du foot depuis tout petit ; et français aussi. Je suis un Alsacien de sang et de cœur. Et puis maintenant, québécois de cœur.
Comment se passe l’intersaison ?
Les vacances sont longues, comme pour tout ceux qui ne font pas les séries en MLS. On travaille comme un acharné de janvier à octobre. Certaines semaines paraissent indécentes ! Et après tu arrives à ne pas faire les séries. Tu tombes avec 2 mois et demi à la maison à ne pas faire grand-chose… Là ça fait déjà un bon mois et demi. Et c'est long.
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Quels sont vos missions d'analyste vidéo au sein du CF Montréal ?
D’abord en avant-match, filmer les entraînements. Ensuite, c'est bien sûr analyser l'adversaire. Personnellement, j'aime bien regarder quatre à cinq matchs de l'adversaire. Le tout en étant disponible pour assister les entraîneurs quand ils veulent avoir accès à des bases de données vidéo.
Pendant les matchs, il faut analyser en direct la data, la vidéo, pour avoir des infos à donner à l'entraîneur, aux joueurs, et proposer des ajustements… J’ai la chance d’être sur le banc pendant les matchs. Mon point de vue est moins global qu’un analyste traditionnel, qui est en tribune avec un angle de vue plus aérien. Mais avec tous les outils qu'on a, on a quand même quatre ou cinq angles de caméra différents.
Avoir un analyste sur le banc est un plus. Il apporte quelque chose de factuel, pour ne pas avoir que des membres du staff qui sont dans l’émotion, et plus subjectifs dans leurs décisions. Puis après match, il faut préparer les playlists, analyser notre match et commencer l'analyse du prochain adversaire. Tout se chevauche sur une semaine.
© Loan Schlicht
Et comment est-ce que vous en êtes arrivé à travailler au club de Montréal?
J'ai commencé très jeune à écrire sur le foot, à faire des études de journalisme. Mais c'était plus par occasion. Il y a quelqu'un qui avait un site web à Montréal, qui avait aimé mes commentaires sur Twitter et qui m'avait donné l'opportunité d'écrire en plus long format. J'avais bien aimé parce qu'au final, moi, je veux parler de foot. J'ai commencé à 17 ans. Les opportunités me faisaient avancer, jusqu’à mes 20 ans et la COVID.
Ça a alors été une prise de confiance. J'ai envie d'être proche d'un groupe de foot. À la reprise, j’ai rejoint un staff semi-professionnel, en Ligue 1 Québec, jusqu’à devenir l’analyste vidéo de l’équipe, à 21 ans.
Puis je suis contacté par l'Université de Québec à Trois-Rivières, champion national canadien en 2019, qui vient d’investir sur le poste d'analyste. Je suis devenu leur premier analyste. J’ai travaillé en même temps pour Trois-Rivières et l'équipe semi-pro. Ça a été un peu rock'n'roll ! J’ai 21 à ce moment-là. Et je coache des joueurs pour la plupart plus vieux que moi, car j’arrive moi-même à la fac pour mon cursus !
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Par la suite, l’analyste vidéo du CF Montréal m'écrit qu'il cherche un assistant sur la saison. Il avait entendu parler de moi, et il voulait que ce soit moi. Alors je dis oui.
Je fais la saison, à 21 ans, comme analyste assistant. Puis l’analyste en chef part, et le club décide de me faire confiance et me donne les rênes du département d'analyse à 22 ans. C'est là que je suis, maintenant à 23 ans.
Qu'est-ce qui vous a vraiment convaincu de laisser le l’écriture d’articles, pour la vidéo ?
Dans ce que j'écrivais, j’étais déjà dans de l’analyse. J'intégrais toujours des stats, mes diagrammes, mes schémas 2D… J'étais réputé dans le paysage médiatique québécois de soccer pour ça. Mais au Canada, le contenu journalistique n’est pas vraiment poussé, ni axé sur l’analyse. C'est peut-être pour ça que je ne me voyais pas réussir plus que ça dans le monde médiatique.
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Qu'est-ce que c'est une bonne analyse vidéo pour vous ?
C'est assez subjectif. Ça va dépendre du coach, du projet de jeu, de ce qu'on fait. Ce qui est important en analyse vidéo, c'est de filtrer. Que ce soit le contenu statistique que tu peux lier, le nombre de vidéos pour expliquer un point.
Les joueurs sont très chargés cognitivement. Oui, chargés tactiquement c’est important. Mais chaque cerveau a sa limite. Il faut faire attention à ne pas l’atteindre avec un seul thème. Je pense qu'une bonne analyse, c'est une analyse réfléchie, claire et précise mais suffisamment détaillée pour expliquer ce que tu veux démontrer, entraîner par la suite ou mettre en place.
© Loan Schlicht
Sentez-vous que les joueurs prennent de plus en plus sérieusement l'analyse vidéo ?
Complètement ! Après ça dépend toujours du profil du joueur. Pour l'instant, ceux qui ont déjà une carrière bien avancée peuvent être plus distants, sans le négliger, car ils ne l’ont pas connu dans leurs anciens clubs.
Mais tous les joueurs aiment s'asseoir, discuter autour des clips. Après, tout dépend de ton approche. Il faut tourner l’analyse en un échange où le joueur explique ce qui l’a poussé à faire tel ou tel choix par exemple.
Y’a-t-il des joueurs plus demandeurs de votre contenu que d’autres ?
J'ai différents exemples. En jeune, Nathan Saliba. J'ai une très bonne relation avec lui. L'année passée j’étais aussi avec l'équipe réserve, où il évoluait malgré son contrat professionnel. On était très proches, je lui donnais beaucoup de conseils pour performer en réserve et réintégrer le groupe pro, parce que sa place était là.
Cette saison, je le conseille pour performer, lui montrer qu'il a sa place dans le groupe. Au final, il est titulaire, pour moi indiscutable, de l'équipe. Mais il en demande beaucoup. Jamais trop, car il veut bien faire. Alors d’un contenu moyen de 45 secondes par joueur, le clip de Nathan peut aller vers les 2’30’’ !
J'ai aussi une très bonne relation avec Sam Piette. On discute beaucoup de son positionnement. J'ai également beaucoup travaillé avec Mathieu Choinière. Ces trois là sont demandeurs.
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Quel bilan vous dressez de cette saison du CF Montréal ?
On n'a pas atteint nos objectifs, c’est aussi simple que ça. On n’a pas gagné le championnat canadien ni fait de retour en Champions League. C’est une première déception. Puis les séries, bien sûr. On passe à deux points de la qualif. Je ne pense pas que j'exagère si je dis qu'il y a un goût d'amertume et de la déception avec les résultats de cette année.
Il y a un esprit très revanchard pour 2024. Une grosse envie de regoûter à la Champions League, aux playoffs, et de gagner la finale de championnat canadien !
Et individuellement ?
Je suis satisfait. Je suis assez difficile envers moi-même, et je veux toujours plus. Mais je pense que pour une première saison, ça a été bon. Le club me fait confiance. Les joueurs et le staff aussi. Je me sens chez moi.
© Loan Schlicht
Quels doivent être les objectifs du club pour 2024 ?
Ils doivent être les mêmes. Je ne me vois pas ne pas vouloir le championnat canadien, je ne me vois pas ne pas nous qualifier en play-offs. On doit absolument les faire.
On doit faire mieux. On doit se qualifier. On doit passer au moins le premier tour. On doit être une équipe qui est compliquée à jouer. Mais au final, on est dans le foot professionnel pour gagner. C’est le mot d'ordre pour l'année prochaine. GAGNER !
Quelle équipe vous a fait la plus forte impression en MLS lors de vos analyses ?
La première équipe qui me vient en tête est Columbus. Après, je connais leurs coach, assistants, analyste vidéo, préparateur physique... Ce n’est peut-être pas une surprise mais c'est ce qui se fait de mieux cette saison.
Orlando a aussi été intéressant à analyser. Houston, m'a surpris tactiquement. Vancouver n'a pas été facile à analyser non plus. Ils ont un schéma tactique qui représente un peu le chaos pour moi. Beaucoup de liberté dans les mouvements avec des joueurs qui se projettent.
Beaucoup jugent les défenses de MLS trop faibles, notamment depuis l'arrivée de Lionel Messi. Êtes-vous d'accord avec ça ?
Je ne pense pas que les défenses sont nécessairement faibles en MLS. C'est le principe de l'investissement dans la Ligue, comment il s'est fait dans les six dernières années. Il y a eu beaucoup d'argent dépensé avec raison pour le tiers offensif. Avec les règles actuelles en MLS, les clubs peuvent investir sur 3 joueurs désignés (DP). Ils optent généralement pour des 10, des joueurs offensifs qui marquent 15 buts dans la saison.
Les rumeurs disent que le nombre de DP pourrait passer à 4. Les clubs pourraient davantage investir à différentes positions. Pourquoi pas alors aller chercher un défenseur centre expérimenté, qui amène un gros plus.
Ça se met à niveau derrière. Cincinnati est allé chercher Miazga en Europe, Chiellini est venu au LAFC… Il y a des joueurs ! Les règles permettent aux clubs d’investir de plus en plus. On va commencer à avoir un virage aussi derrière, avec des centraux que les observateurs extérieurs diront meilleurs. Mais il y a de très bons défenseurs centraux en MLS.
© Loan Schlicht
Quels doivent être les objectifs du club pour 2024 ?
Ils doivent être les mêmes. Je ne me vois pas ne pas vouloir le championnat canadien, je ne me vois pas ne pas nous qualifier en play-offs. On doit absolument les faire.
On doit faire mieux. On doit se qualifier. On doit passer au moins le premier tour. On doit être une équipe qui est compliquée à jouer. Mais au final, on est dans le foot professionnel pour gagner. C’est le mot d'ordre pour l'année prochaine. GAGNER !
Quelle équipe vous a fait la plus forte impression en MLS lors de vos analyses ?
La première équipe qui me vient en tête est Columbus. Après, je connais leurs coach, assistants, analyste vidéo, préparateur physique... Ce n’est peut-être pas une surprise mais c'est ce qui se fait de mieux cette saison.
Orlando a aussi été intéressant à analyser. Houston, m'a surpris tactiquement. Vancouver n'a pas été facile à analyser non plus. Ils ont un schéma tactique qui représente un peu le chaos pour moi. Beaucoup de liberté dans les mouvements avec des joueurs qui se projettent.
Beaucoup jugent les défenses de MLS trop faibles, notamment depuis l'arrivée de Lionel Messi. Êtes-vous d'accord avec ça ?
Je ne pense pas que les défenses sont nécessairement faibles en MLS. C'est le principe de l'investissement dans la Ligue, comment il s'est fait dans les six dernières années. Il y a eu beaucoup d'argent dépensé avec raison pour le tiers offensif. Avec les règles actuelles en MLS, les clubs peuvent investir sur 3 joueurs désignés (DP). Ils optent généralement pour des 10, des joueurs offensifs qui marquent 15 buts dans la saison.
Les rumeurs disent que le nombre de DP pourrait passer à 4. Les clubs pourraient davantage investir à différentes positions. Pourquoi pas alors aller chercher un défenseur centre expérimenté, qui amène un gros plus.
Ça se met à niveau derrière. Cincinnati est allé chercher Miazga en Europe, Chiellini est venu au LAFC… Il y a des joueurs ! Les règles permettent aux clubs d’investir de plus en plus. On va commencer à avoir un virage aussi derrière, avec des centraux que les observateurs extérieurs diront meilleurs. Mais il y a de très bons défenseurs centraux en MLS.
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Arthur PUYBERTIER