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LABSAN

 « Je parle beaucoup d’amour car tout passe par cette nuance-là »

Labsan, 20 ans, est un artiste émergent de la scène parisienne. Adolescent, il a commencé à produire de la musique. Sur des notes d’humour au départ, il s’est pris à son propre jeu. L’écriture de paroles est devenue pour lui une thérapie, une manière d’extérioriser ses émotions. C’est à ce moment-là que l’idée de faire de la musique professionnellement a émergé de manière évidente. Aujourd’hui et depuis 3 ans, on retrouve donc sa musique sur les plateformes de streaming. Rappeur naissant, il se livre sur sa vie, ses combats et l’histoire derrière son nouvel EP qui sort le 28 novembre, Saint Anne.

 Tu as choisi comme nom de scène LABSAN, pourquoi ?

 

« J’avais d’office envie de faire de l’art mais à l’époque, je ne postais rien. Je me donnais un nom d’artiste, pourquoi faire ? Je ne sais pas, je pense que c’était surtout une capuche que je mettais pour passer inaperçu vis-à-vis de moi-même. J’ai baigné dans un entourage qui n’était pas forcément sensibilisé au rap. Notamment, avec des clichés sur ce que c’est, donc je n’en parlais pas. Avec mes parents, quand j’étais plus jeune, ça les inquiétait car je n’avais pas de passion, on ne savait pas ce que j’allais faire. Moi, je ne pouvais pas leur dire que tout ce que je kiffais c’était m’enfermer dans ma cave et faire du son. A l’époque, ça m’aidait de ouf à traverser des passes difficiles. Naturellement, entre ça et le fait que je n’allais pas beaucoup en cours car j’étais trop occupé à faire de la musique, je me suis dit que je serais celui qu’on n’attend pas et donc l’absent, LABSAN »

 

Est-ce que tu as des artistes qui t’ont inspiré, qui t'ont permis d’en être là où tu es aujourd’hui ? 

 

« Oui bien sûr. En rap français, celui qui m’a servi de modèle pendant très longtemps mais qui aujourd’hui est un mec dont je ne parle plus parce qu’il s’avère que ce n’est pas un bon type, c’est Lomepal. Quand je l’ai découvert, j’étais à son concert à Bercy à 14 ans. J’ai vu un mec qui venait du même quartier que moi, de Paris Sud, qui était dans les mêmes écoles, et qui faisait ses clips à côté de chez moi. Je l’ai vu arriver au top. Sa manière d’écrire, c’était quelque chose de méga inspirant. Mais bon, je ne le mentionne plus. Malgré tout, je ne peux pas nier qu’il a eu une influence très importante sur ma musique. C'est la petite tâche noire... J'ai aussi beaucoup écouté Laylow. Quand il a sorti L’Etrange Histoire de Mr.Anderson, c’était comme un message pour moi de me dire de continuer. Il disait « crois en tes rêves » et c’est ce que j’avais besoin d’entendre à ce moment-là donc il a eu d’office une importance capitale. »

 

Tu as déjà fait des collabs, notamment avec William, connu pour son titre Croco. Aujourd’hui, qui est l'artiste qui te fait rêver pour un feat ? 

 

« Laylow c’est un des mecs avec qui j’aimerais le plus travailler. Au-delà de sa manière de poser, c’est un mec qui va au-delà de la musique et qui fait de la direction artistique avec tout. Pour avoir des conseils de sa part, je kifferais taffer avec lui parce que je suis sûr qu’il m’ouvrirait à des univers que moi je ne peux pas encore entrevoir parce qu’il a de l’expérience. Sa vision artistique me touche sur tous ses projets. Sinon, j’aimerais bien feat avec les Beatles mais bon, je pense que c’est mal barré. »


Comment définirais-tu ta musique et plus particulièrement ton EP Saint Anne ?

 

« Ma musique évolue au cours de ma vie, de comment je grandis, de ce qui m’arrive. Je dirais que sur mon dernier projet Saint Anne, j’ai essayé de parler à ma façon des vices que l’humain et la société peuvent avoir. Je parle également de vices auxquels j’ai été confronté, à savoir la dépression, ses conséquences et les traumatismes que cela a. Je les ai retranscrits, à ma façon, derrière une histoire amoureuse que je romance dans le projet. Ces derniers temps je me concentre vraiment sur la santé mentale, qu’on néglige trop quand tu es ado. Globalement, à travers la musique, j’essaie déjà de me libérer de quelque chose. Je sais que je ne suis pas tout seul à vivre ça, c’est même grandissant dans les générations qui viennent et qui sont déjà passées. On n’a pas forcément les armes pour le gérer tout seul. Moi j’ai de la chance car la musique m’a aidé. C’est pour ça que le titre est Saint Anne, c’est le nom d’un hôpital psychiatrique qui n’est pas très loin de chez moi. J’ai vu beaucoup de gens que j’aimais finir là-bas. Donc c’était un symbole de mon vécu. »

 

Est-ce que ton ancien EP Hush Darling et le nouveau se relient ?

 

« Oui. Dans ma manière de faire de la musique, sans m’en rendre compte, j’ai envie qu’il y ait une suite à tout. C’est la suite logique. Dans Hush Darling, je joue avec l’amour et dans Saint Anne j’en assume un peu les conséquences et je décris ça. J’écris beaucoup sur ce que j’ai vécu et maintenant j’apprends à romancer cela. J’ai toujours gardé ce fil conducteur des histoires amoureuses, c’est ma manière de raconter. »

 

Dans toutes tes musiques, un thème commun revient, c’est l’amour. Tu romances les vices de la société mais derrière cet amour-là, tu parles d’une fille ?

 

« Je me sers d’une relation amoureuse car à travers celles que j’ai vécues, j’ai vu ce que pouvaient vivre certaines femmes. Naturellement, ma manière d’écrire est de romancer en parlant d’une fille en particulier mais qui en soi est un tout. Je fais ça pour qu’on la reconnaisse dans chaque morceau, pour avoir un fil conducteur. C’est une manière d’écrire qui évoluera. En tout cas, dans Hush Darling et surtout Saint Anne, c’est très personnifié mais c’est une globalité. C’est évidemment personnel mais ce n’est pas que pour moi. Je ne suis pas le seul à vivre ses vices. »

 

Finalement, quels sont les messages que tu veux faire passer grâce à ce projet ? 

 

« A travers ce projet, je dénonce le fait qu’on n’écoute pas assez sa tête. La santé mentale a autant d’importance que la santé physique. On ne donne pas assez d'attention à ça. Je l’ai constaté sur des gens que j’aimais énormément, je l’ai constaté sur moi. Elle est beaucoup trop sous-estimée et sous-traitée. Ce sont des sujets dont il faut discuter ensemble. Je parle aussi du monde dans lequel on évolue. Même si je n’ai rien pour prouver aux gens que ça vaut la peine de croire en soi parce que j’en suis qu’au tout début. Il ne faut rien lâcher. J’ai fait le choix de ne faire que de la musique et je ne regrette pas. Dans ma tête, je n’imagine pas une seule seconde que je ne vais pas réussir. Je mets ça aussi en avant : la peur de se jeter dans le vide, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. »

 

En tant qu’artiste, quel est ton objectif à atteindre aujourd’hui, un projet que tu aurais dans le coin de ta tête et que tu voudrais réaliser ?

 

« Ce que j’aime, c’est la scène. Je le découvre petit à petit. Je fais mon premier concert solo à la Java à Paris le 19 décembre et déjà c’est un achèvement de fou pour moi. Dans cette lignée-là, mon plus grand rêve c’est de faire Bercy. Évidemment qu’il y a des stades de France beaucoup plus grands. Mais moi, c’est la salle de concert qui m’a le plus marqué. Dans toutes les étapes de ma vie, je suis passé par là donc c’est l’objectif. Je serais content quand j’aurai fait Bercy. »

 

Anne Descombes

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